Thales annonce aujourd’hui avoir entamé des négociations exclusives pour le rachat de RUAG Simulation et Entraînement (RUAG S&T), filiale de la holding suisse RUAG International. Une opération qui consolidera la gamme et le portefeuille clients du groupe français, contribuant à faire de celui-ci « l’un des principaux acteurs européens du segment ».
La cession de cette branche était pressentie depuis septembre 2019 et la scission du groupe RUAG en deux sous-holdings, RUAG MRO et RUAG International, à laquelle est rattachée l’activité S&T. En mars dernier, RUAG International avait confirmé vouloir se séparer de toutes ses entreprises liées à la défense pour se concentrer sur un marché spatial en plein essor. Portée par quelques contrats majeurs en cours, RUAG S&T devrait générer un chiffre d’affaires de 86 M€ en 2021.
En rachetant l’un de ses concurrents, Thales entend renforcer ses liens avec l’armée suisse, agrandir ses positions en Europe et aux Émirats arabes unis et étendre sa gamme dans le segment terrestre du marché de la simulation et de l’entraînement.
Thales mise en effet sur la complémentarité des gammes, ses solutions d’entraînement en environnement simulé n’entrant pas en conflit avec le savoir-faire acquis par RUAG en matière de formation en conditions réelles. Au contraire, la combinaison des deux activités « permettra de proposer sur le marché des solutions d’entraînement et de simulation de pointe alliant expertise en matière d’environnement synthétique, et d’entraînement en conditions réelles », estime le groupe français.
L’opération permettra par ailleurs d’accélérer le déploiement de « la prochaine génération de solutions hybrides englobant les trois dimensions de l’entraînement : réel, virtuel et constructif » et d’accompagner la digitalisation des entraînements des forces armées. Elle est aussi synonyme de perspectives rassurantes pour RUAG Defence France, filiale française de RUAG S&T.
Finalisée courant 2022, ce rapprochement ajoutera plus de 500 nouveaux salariés aux 1000 actuellement employés par Thales T&S sur plusieurs sites en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Australie et au sein de joint ventures et centres d’entraînement établis aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Europe.
Un marché « extrêmement porteur »
« Ce marché extrêmement porteur est en pleine digitalisation. L’usage croissant de la simulation, depuis la définition de concept jusqu’aux opérations, augmente l’efficacité et permet de relever les enjeux en termes de coût et d’environnement, liés à l’entraînement en conditions réelles. Avec ce projet, Thales renforce la digitalisation de son activité Entraînement & Simulation et sa présence européenne pour aider les clients à atteindre leurs objectifs ambitieux, face à un monde de plus en plus complexe », déclare Yannick Assouad, directrice générale adjointe Avionique du groupe Thales.
Côté France, voici plusieurs années que l’armée de Terre s’est engagée dans la refonte de ses systèmes de simulation, évolution dans laquelle RUAG S&T joue un rôle majeur. En décembre 2016, elle a décroché le marché CERBERE (centres d’entraînement représentatifs des espaces de bataille et de restitution des engagements) conjointement avec Thales. Une première expérience commune qui s’est concrétisée par la livraison d’une capacité initiale permettant d’entraîner un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) au CENZUB de Sissonne.
L’an dernier, RUAG Defence France remportait l’appel d’offres SERKET, cette fois en coopération avec Agueris. Les deux entreprises fourniront l’ensemble des simulateurs d’entraînement technique et tactique des équipages des véhicules Griffon, Jaguar et Leclerc XLR.
Pour Thales, il s’agira enfin d’assurer la continuité des grands programmes opérés pour ARMASUISSE. RUAG S&T est notamment en charge de la modernisation de deux centres d’instruction au combat de l’armée suisse, un programme de renouvellement des matériels et des logiciels en plusieurs phases qui doit aboutir en 2025.