Vue d’artiste de l’Atom
crédits: RTD
La presse suédoise s’était déchaînée il y a quelques jours à propos de la coopération entre la filiale française RTD, du groupe suédois Volvo, et le russe Uralvagonzavod (UVZ, constructeur du T-90) sur un projet de véhicule commun, l’Atom, suite aux évènements en Crimée. Accusant le groupe Volvo d’être susceptible fournir des équipements militaires aux russes, qui risqueraient de pouvoir être utilisés contre les soldats suédois.. Et bien la presse suédoise a eu raison des dirigeants du groupe Volvo! Alors qu’initialement RTD pensait pouvoir continuer sa coopération avec UVZ malgré l’émois suédois, son actionnaire a annoncé « avoir mis en suspend sa coopération avec UVZ jusqu’à nouvel ordre ».
Le véhicule Atom, blindé de la classe des 30 tonnes, a été lancé durant le dernier salon « Russia Arms Expo » en septembre 2013 (
relire l’article de FOB sur l’Atom ici), avec pour objectif de répondre à la fois aux besoins de remplacer les BTR-80 de l’armée russe mais également (voir essentiellement) à destination des marchés export de la Russie. L’Atom avait de réelles chances de succès, Moscou s’étant déclaré très intéressé par un châssis performant 8X8, véritable savoir-faire de RTD. L’engin devait être propulsé par le même moteur que celui le VBCI, développant plus de 600 chevaux. En jeu, des milliers de véhicules… Une coopération, qui auraient pu faire changer de dimension le groupe RTD.
Patatras! RTD doit aujourd’hui s’asseoir sur ces très juteux prospects et ses ambitions.
Remarques et conséquences
– Si la décision de rupture de la coopération industrielle franco-russe est une sanction tout à fait envisageable, considérant les agissements de Moscou envers l’Ukraine, un pays voisin de l’Europe, il est tout de même regrettable et étonnant d’assister à une prise de position de manière isolée, avec une implication quasi-diplomatique, d’un industriel, orchestrée par la presse locale. Cela en dit long sur le processus décisionnel chez Volvo…
– C’est faire fi du débat européen sur les sanctions communes contre la Russie, en cours. Ce que la France, il est vrai avec des enjeux financiers considérables (le contrat BPC), se refuse de faire seule.
– Cette affaire va, à n’en pas douter, entacher l’image de RTD en France, notamment auprès des autorités étatiques. Car le message est dorénavant clair: les décisions de RTD sont bien prises à Stockholm et non à Paris. Où les conceptions des problématiques de défense industrielle sont bien divergeantes…. Ce qui pose la question, in fine, du rôle que pourrait jouer RTD dans la restructuration industrielle du terrestre en France… Il serait tout de même très douteux que Paris accepte au final de devoir dépendre, sur un secteur stratégique (l’équipement des forces terrestres), d’un groupe étranger et frileux. Un épisode fâcheux mais éclairant.