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NGRT, réponse européenne au programme NGRC

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Le 30 juin, la Commission européenne lançait officiellement le Fonds européen de la défense. Parmi la vingtaine de projets de R&D qu’il commencera à financer, l’un sera consacré à la recherche de nouvelles technologies destinées aux hélicoptères militaires de demain. Un programme qui pourrait à terme apporter une réponse européenne au programme NGRC de l’OTAN.

40 M€ fournis par l’Europe

Le Fonds européen de défense (FEDef) désormais sur les rails, 1,2 Md€ seront débloqués pour alimenter une première tranche de 23 projets de recherche et de développement. Cette enveloppe rassemble les 930 M€ prévus pour 2021 ainsi qu’un « complément » de 290 M€  de l’exercice 2022.

« Cela permettra de lancer des projets ambitieux et à grande échelle de développement des capacités tout en garantissant une large couverture thématique d’autres sujets prometteurs », soulignait alors la Commission européenne dans un communiqué officiel.

Parmi la vingtaine d’axes retenus, l’un relève de technologies qui serviront à concevoir une nouvelle génération d’hélicoptères, « Next Generation Rotorcraft Technologies » (NGRT). Il sera financé à hauteur de 40 M€, budget indicatif qui sera attribué au terme d’un appel à projets européen. Les industriels auront jusqu’à décembre prochain pour soumettre leur proposition.

Parmi les acteurs dans les starting-blocks, Airbus Helicopters. Son PDG, Bruno Even, s’est d’emblée dit « heureux de voir que l’Union européenne a décidé d’investir dans les futures technologies des hélicoptères militaires. Airbus Helicopters s’engage à contribuer à ce projet aux côtés de ses partenaires, clé de la préservation du savoir-faire européen et des capacités souveraines ».

Louper le coche n’est pas envisageable pour l’hélicoptériste et son principal concurrent – et futur partenaire ? – européen, Leonardo. Car, si l’enveloppe est limitée, elle est néanmoins l’unique levier financier conséquent débloqué jusqu’à présent dans ce segment. Seul le projet CARMENTA du dispositif EDIDP s’en rapproche quelque peu. Et encore, les 9,7 M€ alloués au consortium dont font partie Airbus et Leonardo ne sont consacrés qu’à la conception de nouveaux systèmes d’autoprotection pour les aéronefs.

En France, la dernière loi de finances a bien acté l’émergence d’un « Hélicoptère de manœuvre de nouvelle génération » appeler à remplacer les Puma, Cougar et Caracal, voire les NH90 à horizon 2040. Mais, pour l’heure, le sujet ne concerne que le remplacement anticipé des Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace par huit Caracal. La loi de programmation ne comprend par ailleurs aucune ligne budgétaire dédiée alors que l’échéance évoquée pour HMNG est identique à celle du SCAF, le successeur du Rafale.

Dans le viseur de NGRT et NGRC : le remplacement des Puma, Caracal et Cougar français, du moins pour commencer
(Crédits : 4e BAC)

Apporter une réponse souveraine à NGRC

À une lettre près, cet acronyme se confondrait presque avec celui du programme « Next Generation Rotorcraft Capability » (NGRC) lancé en novembre 2020 par cinq pays de l’OTAN. Ceux-ci partageront un embryon d’expression de besoin en septembre auprès des industriels intéressés.

Ce premier rendez-vous doit orienter la filière dans le développement des briques nécessaires pour atteindre les performances indiquées. Contrairement à NGRT, ce projet de l’OTAN n’en est qu’au stade de l’intention et n’est l’objet d’aucun financement. La signature d’un Memorandum of Understanding interviendrait au mieux en 2022, ouvrant potentiellement la porte à d’autres participants.

Comme son nom l’indique, NGRC envisage le développement d’une capacité, donc d’un hélicoptère complet. NGRT se limite quant à lui à des activités de recherche de briques technologiques. Il ne doit dès lors pas être considéré comme concurrent à l’intention otanienne mais plutôt comme un tremplin pour la construction d’une offre européenne.

Le succès de la démarche participerait en effet à éviter l’émergence d’un « F-35 » dans le secteur des hélicoptères, scénario dans lequel les Européens agiraient en tant que sous-traitants. Hormis la recherche de souveraineté, NGRT permettrait d’orienter les spécifications de NGRC vers une machine correspondant davantage aux concepts d’emploi de la France, entre autres.

De fait, les premières ébauches communiquées par l’équipe NGRC comprennent des performances proches de celles exprimées outre-Atlantique. À savoir, une machine très rapide (au moins 330 km/h) et offrant une grande endurance (1650 km), deux capacités nécessaires pour répondre aux élongations rencontrées, par exemple, dans la région Indo-Pacifique. Côté français, la furtivité l’emporterait sur la vitesse pour privilégier un hélicoptère de conception plus « classique » à même d’effectuer des vols tactiques à basse altitude.

Avec NGRT, Airbus et Leonardo peuvent désormais s’allier pour proposer une alternative 100% européenne. L’entreprise de Marignane (Bouches-du-Rhône) confirme dès à présent travailler « à une réponse européenne à travers le programme de recherche et technologies NGRT afin d’apporter une offre à l’horizon 2026 », jalon annoncé pour le lancement de la phase de développement de NGRC.

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