NAWAS 2012 : FINEX pour le missile Hawk

« Naouas » est le nom donné au cordon de dunes sur le littoral landais. Pour faire chic et choc, le mot a été « anglicisé » et c’est transformé en « Nawas » . Des esprits féconds à la fibre interarmées en ont déduit deux acronymes possibles : No Army Without Air Force Support, ou bien No Air force Without Army Support. De cette manière, tout le monde est content… On retiendra simplement que Nawas est aujourd’hui le grand rendez vous de la défense sol-air, à la frontière de deux mondes : l’air et la terre. La première édition en 2005 avait été purement armée de Terre. Les Crotale de l’armée de l’Air étaient entrés dans la danse dès l’année suivante. En 2010 la Marine avait fait une apparition remarquée avec la frégate Cassard. Pour sa septième édition, Nawas entre dans l’histoire en coïncidant avec une réorganisation complète de la défense sol air française. Le contrat opérationnel de l’armée de Terre pour la protection de la Force Opérationnelle Terrestre se termine en effet le 1^er juin prochain. A cette date, les Hawk du 402^ème régiment d’artillerie de Chalon en Champagne cèderont officiellement la place au système SAMP, alias « Mamba » de l’armée de l’Air. FOB reviendra en détails sur ce passage de témoin dans les jours prochains avec une interview du chef de corps du 402^ème RA.

Du 17 au 22 mars, la première semaine de Nawas s’est déroulée en terrain libre, de la Méditerranée à l’Atlantique. Cette phase a permis de valider la capacité de l’armée de l’Air à assurer efficacement la protection de la FOT en mouvement avec deux sections SAMP. L’exercice s’est déployé sur huit départements et une zone d’environ 300 x 300 km. Un volume de force supérieur à 30.000 hommes était simulé pour répondre à une hypothèse développée par le livre blanc : le déploiement au sol de quatre divisions. Le volume couvert par le SAMP permet de protéger une telle force avec une section en position de tir pendant qu’une autre est en mouvement pour accompagner l’avancée des troupes.

Nawas a également bénéficié de l’exercice Volfa de l’armée de l’Air qui se tenait au même moment, permettant de faire jouer de nombreux aéronefs en donnant un caché encore plus réaliste à l’activité de défense sol-air. « L’enjeu essentiel de l’exercice portait sur la gestion coordonnée des engagements sol-air et air-air » notent les participants, qui avaient à leur disposition plusieurs couches d’intervenants : radars fixes de l’armée de l’air, radar Aladin Nouvelle Génération Durci (ANGD), appareils de l’armée de l’Air utilisant la liaison 16 et radars de détection de l’armée de Terre dans les section Mistral et Hawk. Fusionnant toutes ces capacités, le Centre de Détection et de Contrôle Déployé formait une image complète de la situation aérienne dans l’espace au-dessus de la FOT. 

La deuxième semaine de l’exercice, qui se clôt demain, a été consacrée aux tirs depuis le site de Biscarosse de DGA Essais de Missiles. Un véritable feu d’artifice qui a vu le tir de 4 Hawk par jour du lundi au jeudi, d’une quarantaine de Mistral (dont six tirés par un contingent belge) et, ce jour, d’un unique missile Aster 30 du SAMP. « Notre objectif est de placer les opérateurs des systèmes de défense sol air dans des scénario de plus en plus complexes, en faisant jouer toute la chaine de commandement et en misant sur un système de défense sol air pleinement intégré, tout en travaillant suivant des standards Otan » expliquaient les directeurs de l’exercice. Tant pour le Hawk qui tirait ses derniers feux que pour le SAMP qui entre tout juste en service, l’heure n’est plus aux campagnes de tir simple. Sur la voie de l’intégration otanienne, peut-être peut on imaginer voir un jour des Patriot hollandais ou des SAMP italiens venir tirer aux côtés des systèmes français dans le cadre d’un futur Nawas…