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La France se dote d’une filière de démantèlement de ses munitions sensibles

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Inauguration de l'suine de démilitarisation à Bourges (crédits: G Belan)

Inauguration de l’usine de démilitarisation à Bourges
(crédits: G Belan)


La cérémonie d’inauguration d’hier près de Bourges de la nouvelle usine de démilitarisation de MBDA revêt d’importants enjeux, pas seulement pour MBDA, mais pour la souveraineté nationale. Avec ces installations, la France se dote enfin d’une filière qu’elle ne possédait pas : pouvoir démanteler ses armements les plus sensibles, c’est à dire contenant des technologies protégés par le secret défense, un objectif par ailleurs fixé dans la LPM. C’était tout l’enjeu de la demande de la France, qui est passé par l’OTAN pour attribuer à MBDA ce contrat en 2011 :  la démilitarisation de 36 000 munitions complexes, permettant à MBDA de financer en partie ces nouvelles installations. L’industriel qui a gagné ce contrat a dû mettre de sa poche pour se doter de cette nouvelle compétence somme toute naturelle : au total les investissements ont représenté 12 millions d’euros, dont 75% financés par le missilier européen.  Il faut reconnaître que  pour MBDA l’occasion était trop belle pour ne pas s’y engouffrer : étendre son activité missile sur un domaine dans la continuité de ses compétences (fin de vie de ses missiles) et surtout très alléchant: le traitement des éléments pyrotechniques, et pas seulement défense. Que l’on pense à tous les équipements airbag, fusées de détresse, petites munitions diverses… Aujourd’hui MBDA s’offre des installations de retraitement efficaces et modernes pour pouvoir démanteler tous les équipements pyrotechniques. Tandis que la France et ses clients exports peuvent êtres sereins pour la fin de vie en toute sécurité de leurs armements les plus sensibles.
Bien que l’inauguration ait été faite hier, les usines fonctionnent déjà depuis un mois, et MBDA va avoir achever le contrat attribué par la NSPA (Nato Support and Procurement Agency, ex-NAMSA) avant le terme de 2018, fixé par la convention d’Oslo pour le traitement des armes à sous-munitions.
Parmi ces 36 000 munitions, MBDA aura démilitarisé 1000 missiles AS30Laser, Super 530 et Magic 2, 14 000 obus Ogre, des petites munitions d’artillerie et 22 000 roquettes LMRS, bien que pour cette dernière, ce soit un sous-traitant italien, spécialisé dans les LMRS et moins cher, qui s’en charge. Contrat donc rempli pour MBDA qui doit impérativement décrocher de nouveaux contrats d’ici l’année prochaine pour faire tourner son usine : « des discussions sont en cours avec d’autres clients, pas seulement militaires » assurait confiant Antoine Bouvier, le PDG de MBDA hier.
 
démontage d'un missile (crédits: G Belan)

démontage d’un missile
(crédits: G Belan)


Les étapes de la démilitarisation
 
Les installations de MBDA, proches de Bourges, sont toutes neuves et équipées pour assurer le maximum de sécurité, notamment pour l’environnement et sont en mesure de traiter 2500 tonnes par an. Bien que fonctionnant depuis juin, elles sont toujours en processus de qualification qui devrait être achevé à la rentrée estivale. L’usine doit pouvoir démilitariser tous les missiles de sa gamme. Ce processus devra fixer les limites et les cadences que pourront atteindre l’usine. La première étape est le démontage des missiles, soit sa décomposition en sous ensembles de l’armement. 3 à 4 missiles peuvent être démonté par jour tandis que les éléments électroniques sensibles sont envoyés à un partenaire lyonnais pour être broyés. Ensuite le propulseur, élément le plus sensible du missile (la charge militaire n’est pas traitée par MBDA qui la confie à un partenaire norvégien) est découpé par un jet d’eau haute pression (eau plus abrasifs) en tronçons de 3 kg maximum. A titre d’exemple, un missile Magic est découpé ici en 45 minutes en une dizaine de tronçons. Ces éléments passent ensuite dans une chambre à combustion pour un traitement thermique. A 500° toutes les parties pyrotechniques s’enflamment dans un four sécurisé. Les gaz sont recueillis et traités par un processus chimiques dans un bâtiment réhabilité pour cette fonction. L’ensemble de ce processus est étroitement surveillé par des caméras et capteurs. Et si toutes les capacités ne sont aujourd’hui pas assurées par MBDA qui s’est entouré de partenaires, l’industriel ne s’interdit pas de développer sa nouvelle filière. Avec ces installations, MBDA devient un nouvel opérateur de référence parmi les grands de ce secteur, et surtout le seul en France.
 
 
 
 
 

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