Quelque 15 000 militaires ukrainiens supplémentaires seront formés d’ici la fin de l’année par la Mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine (EUMAM). Une nouvelle cellule européenne sera créée dans la capitale ukrainienne pour améliorer la coordination avec les acteurs concernés.
Lancée en novembre 2022, la mission EUMAM Ukraine a désormais permis de former plus de 60 000 militaires ukrainiens sur le sol européen. Ils seront 75 000 en fin d’année, nouvel objectif fixé ce vendredi à Bruxelles à l’occasion d’une nouvelle réunion informelle des ministres de la Défense.
Vingt mois après avoir atteint la capacité initiale, le bilan d’EUMAM s’avère globalement positif. « Cela a été un succès, un grand succès. C’est la mission de formation la plus réussie jamais réalisée par l’Union européenne », commentait le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’Espagnol Josep Borrell. Un constat qui, selon ce dernier, est partagé par l’ensemble des ministres de la Défense.
Dans les rangs français, la mission Gerfaut conduite en Pologne avait, avant l’été, formé plus de 12 000 militaires ukrainiens. L’offre française s’est par dernièrement enrichie d’une nouvelle formation à destination des futurs chefs de groupe de combat d’infanterie. Promus sergents, les 50 premiers stagiaires « vont rapidement renforcer la chaîne de commandement opérationnel des forces armées ukrainiennes », pointait début août l’état-major des armées. « Ce stage de très haute facture, adapté aux demandes du partenaire, sera reconduit pour plusieurs cycles jusqu’en fin d’année 2024 », complète-t-il.
Le mandat actuel d’EUMAM Ukraine s’achèvera en novembre prochain et, pour certains, la poursuite de la mission requiert une évolution de la posture. Selon la Défense tchèque, un revue stratégique d’EUMAM Ukraine est ainsi en cours afin d’accroître son efficacité et d’assurer des formations plus réalistes. Une note diplomatique du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) datée de fin juillet et relayée par Politico a en effet placé le manque de réalisme parmi « les lacunes les plus critiques » de la mission.
« Les modèles de formation actuels sont façonnés par les normes de temps de paix de la formation occidentale (des niveaux inférieurs d’acceptation des risques dans la conception et la conduite de la formation) et, dans certains États membres de l’UE, par des restrictions légales dans l’organisation de certains types de formation », pointe le document. Les équipements, les procédures, les doctrines des armées européennes diffèrent par ailleurs de ceux employés au combat par les Ukrainiens, un complément d’entraînement s’avérant nécessaire avant de rejoindre le front.
Pour y remédier, le SEAE a notamment étudié l’éventualité d’une délocalisation de la formation pour l’amener au plus près du territoire ukrainien, demande parmi d’autres émanant de Kyiv. « S’entraîner en Ukraine, pourquoi pas ? Ils sont plus proches du milieu où ils vont devoir combattre, ce serait peut-être plus approprié. Certains États membres étaient prêts, d’autres étaient réticents. Finalement, nous avons décidé que la formation se ferait le plus près possible de l’Ukraine mais pas sur le territoire ukrainien, pas sur le sol ukrainien », indique Josep Borrell. Recommandée par le document, l’extension du mandat d’EUMAM jusqu’en novembre 2026 devait être à l’agenda de l’informelle ministérielle.
Si former en territoire ukrainien est exclu, l’Europe projette d’installer une petite cellule de liaison et de coordination à Kyiv afin de mieux se coordonner avec les autres acteurs concernés. Selon Josep Borrell, elle serait constituée de moins d’une dizaine de personnels, pour l’essentiel militaires. « Il s’agira principalement de gens qui savent de quoi ils parlent. Je ne vois pas les bureaucrates du Berlaymont se rendre à Kiev pour dire à qui que ce soit comment les militaires doivent être formés. Et c’est quelque chose qui exige des compétences professionnelles ».
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