Quelque 6000 treillis F3 arborant le nouveau bariolage multi-environnement (BME) ont déjà été livrés dans l’armée de Terre. Une avant-goût d’une bascule vers un camouflage de nouvelle génération bientôt étendue aux trois armées françaises.
Rares sont les évolutions matérielles touchant à l’ensemble des armées, directions et services du ministère des Armées. L’adoption du treillis F3 – pour modèle français de 3e génération – arborant le nouveau BME en est une. Son déploiement vient de démarrer sous l’égide du Service du commissariat des armées (SCA) et de la Section technique de l’armée de Terre (STAT), phase finale d’un effort conjoint lancé il y a six ans.
L’enjeu immédiat pour le SCA ? Confectionner et distribuer 300 000 tenues sur un pas de 18 mois. La routine pour un commissariat qui aura mis en service quatre tenues successives depuis 2008. Du moins en apparence, car cette version F3 BME amène une rupture similaire à celle vécue « depuis le passage du vert OTAN au théâtre européen au moment de la professionnalisation des armées », rappelait ce jeudi le commissaire en chef de 2e classe Nicolas Vieux-Rochas, chef de la division Habillement du Centre interarmées du soutien équipements commissariat (CIEC).
Le défi est multiple. Il s’agissait, bien avant d’entamer la confection, que le dessin complexe conçu par la STAT au bout de 1250 heures de travail soit fidèlement retranscris sur un tissu technique existant, celui retenu pour les treillis F3 centre-Europe et désert en dotation depuis 2019. Mission accomplie : environ 3,5 millions de mètres linéaires de tissu étaient commandés en octobre 2022 auprès de trois entreprises. Deux sont françaises, TDV Industries et Europrotect. La troisième, le groupe belge UTEXBEL, réalise le tissage en son usine de Baisieux (Nord). Les premières livraisons en 2023 auront permis de matérialiser la commande des tenues courant 2024 auprès de trois autres prestataires.
Un challenge logistique ensuite, la distribution devant notamment répondre aux priorités fixées par chaque état-major d’armée. Le SCA s’appuie pour cela sur l’établissement logistique de Châtres (Aube). Une fois assemblés, les colis individuels sont ensuite livrés aux 140 magasins du SCA présents en territoire et chargés de remettre les effets en main propre au « client ». Des 20 000 tenues déjà commandées, 11 000 ont été expédiées et 6000 ont été livrées à l’armée de Terre depuis novembre dernier et une première perception collective au profit du 5e régiment de dragons de Mailly-le-Camp, lui aussi installé dans l’Aube.
Entamer cette modernisation avec le 5e RD n’avait rien d’un hasard. Les dragons font en effet partie de la 7e brigade blindée, première unité dotée car sectorisée sur le flanc oriental de l’Europe et désignée pour se déployer au complet en Roumanie au printemps prochain dans le cadre de l’exercice Dacian Spring de l’OTAN. Tous ses régiments sont fournis simultanément, mais pas seulement. Leurs soutiens directs le sont également « pour réaliser une harmonie la plus grande possible à l’échelon local », indiquait le CRC2 Vieux-Rochas. Ce sont notamment les antennes locales du Service de santé des armées, du SCA et du Service d’infrastructure de la défense.
La 7e BB et ses soutiens auront ainsi entièrement basculé au mois de mars, juste à temps pour ce premier test majeur que représente Dacian Spring. La 2e brigade blindée prendra le relais. Et le cycle se poursuivra de brigade interarmes en brigade interarmes pour parvenir à une force opérationnelle terrestre pleinement rhabillée à l’horizon 2026. « Le chef d’état-major de l’armée de Terre percevra son treillis F3 BME en dernier avec l’assurance que la mission a été conduite à son terme », soulignait le chef d’escadrons Stéphane Fournier, officier de programme Équipements individuels du combattant au sein de la STAT.
Interarmées, la manoeuvre s’étendra rapidement à la Marine nationale et à l’Armée de l’Air et de l’Espace. Les premiers commandos et fusiliers marins seront équipés à compter de mars prochain. « L’élargissement aux autres unités sera progressif avec une étape importante en septembre et une généralisation au cours de l’année 2026 », a détaillé le SCA. Idem pour les aviateurs, avec trois escadrons de protection relevant d’autant de bases aériennes et le CPA 20 entrant eux aussi dans la boucle en mars.
« Les premières distributions, de notre point de vue, se sont bien déroulées », observait le CRC2 Vieux-Rochas. Même son de cloche dans les rangs de l’armée de Terre, où l’intérêt pour le treillis F3 BME est palpable et explique que certains aient été jusqu’à prolonger leur contrat pour pouvoir le porter. « Un soldat qui est fier de sa tenue, c’est un soldat qui sert mieux dans ses missions quotidiennes », relevait à ce titre le CEN Fournier.
Crédits image : Antoine Siffroi/Section technique de l’armée de Terre