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H2RMIONE, le concept de mule à hydrogène qui lorgne sur la défense

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Conjuguer mule robotisée et propulsion à hydrogène, c’est le défi que se sont lancées deux entreprises françaises avec, dans le viseur, d’éventuels débouchés auprès des forces armées. Un concept baptisé « H2RMIONE » et dont les premiers maillons seront évalués cette année dans les sables marocains.

Du Bugs BuggHy à H2RMIONE

Pilote du projet, Robotics Industry n’est pas un inconnu du monde de la défense. Cette entreprise de Mérignac (Gironde) conçoit notamment le drone aérien GX8, le drone de surface autonome Droneo et le robot terrestre Serval, réservé aux applications militaires et de sécurité. Il a aussi livré une dizaine de systèmes d’analyse de tir aux forces spéciales françaises et collabore avec Arquus pour le volet robotisation de l’Engin d’allègement au contact (EAC).

L’idée de la mule H2RMIONE a émergé au cours des derniers mois. Pour la mener à bien, Robotics Industry s’est rapproché de H2X-Ecosystems, acteur de la nouvelle filière hydrogène décarbonée française. « L’idée, c’est de venir coupler leur savoir-faire en matière d’énergie avec nos éléments de mobilité et d’autonomie pour concevoir une mule autonome à hydrogène ».

Né en janvier 2020 d’un rapprochement entre Eco Solar Breizh, SLS France et Anleg, H2X-Ecosystems « développe à la fois les piles et réservoirs d’hydrogène, plus véritablement tout l’écosystème, c’est à dire la fabrication et la distribution », explique Robotics Industry.

Depuis peu, H2X-Ecoystems progresse aussi sur le segment des véhicules à hydrogène. Eco Solar Breizh est venu le chercher pour développer conjointement un prototype de buggy, le Bugs BuggHy, qui sera en démonstration lors du prochain rallye Aïcha des Gazelles, du 17 septembre au 2 octobre 2021 au Maroc.

H2X-Ecoystems est déjà parvenu à concevoir une solution autorisant un changement des bouteilles d’hydrogène en moins de 15 secondes. La société bretonne fournira également son générateur Shyva 350, un groupe électrogène containérisé fonctionnant à l’hydrogène permettant de recharger les batteries et d’alimenter le bivouac.

Les premiers tours de roues interviendront en septembre. L’expérience marocaine démontrera ensuite la pertinence du concept, contribuera à éprouver les piles à combustible en environnement extrême et alimentera le projet H2RMIONE. De premiers jalons pourraient être franchis dans les six prochains mois, estime Robotics Industry.

En discussion avec le Battle Lab Terre

Si Robotics Industry maîtrise l’autonomie et H2X-Ecoystems l’alimentation par hydrogène, le véritable défi sera de « progresser sur des terrains inconnus. Nous travaillons avec d’autres sociétés, d’autres start-ups pour capter les technologies qui pourraient nous manquer ».

Plutôt que d’adopter un châssis civil, il s’agira de miser sur l’expérience acquise précédemment sur base d’un petit robot terrestre modulaire. « Il est clair que nous allons progresser dans le projet avec un châssis modulaire très différent », affirme Robotics Industry.

« Chez Robotics Industry, nous adorons jouer avec des briques Lego, qu’elles relèvent du hardware ou du software ». L’équipe planche depuis un moment sur une solution brevetée d’intégration du bloc propulsion dans un module de mobilité. En d’autres termes, chaque roue disposerait de son propre moteur, alimenté par ses propres batteries. À l’utilisateur de connecter les modules entre eux pour construire un véhicule à 4, 6, 8, voire 10 roues en fonction de l’usage demandé.

Les performances visées surpasseraient celles du Bugs BuggHy : jusqu’à 300 km d’autonomie, une vitesse maximale de 80 km/h et 300 kg d’emport. Le tout en conservant un profil compact, l’exemple repris par Robotics Industry à titre d’illustration évoquant une plateforme longue de 3,2 m, haute de 1,3 m et large de 1,85 m.

Cette mule aurait un usage dual, dépassant par là l’éventail classique de missions confiées à ce type d’outil, du transport à la surveillance de sites sensibles. À l’image de l’idée de smart grid promue par Arquus, l’idée serait de faire du véhicule une « borne énergétique » pour le fantassin, auquel il viendrait se connecter pour recharger les batteries de ses équipements.

Reste qu’H2RMIONE n’en est qu’au stade de la réflexion. Pour raccorder l’idée aux besoins des militaires français, Robotics Industry s’est rapproché très récemment du Battle Lab Terre, pôle de référence de l’armée de Terre en matière de robotique terrestre. « Nous avons commencé à évoquer le sujet, à déterminer avec eux quels pourraient être les scénarios », relève l’entreprise.

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