Gérard Longuet part en campagne

Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a fait vendredi 16 mars devant les auditeurs de l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale), relais d’opinion, une intervention pendant près d’une heure, assez peu relayée dans la presse. Or, le discours qu’il a tenu ressemblait fort à un soutien à la campagne du candidat président. Voir même à un programme sur la Défense. Les thèmes abordés ont fait très largement écho à la présentation du programme du candidat socialiste, François Hollande, du dimanche précédent.

Après avoir mis en avant ce qui sonnait comme un bilan : « la Défense est un devoir mais aussi un atout (…) ce patrimoine singulier est le résultat d’une politique continue (…). Depuis une dizaine d’année la France a maintenu cet effort ». Gérard Longuet s’en est ensuite pris aux axes forts du programme de François Hollande.

L’Europe d’abord, un thème largement mis en avant par le candidat socialiste : « Dans l’espace européen, nous assistons à un élan des pays pour baisser la garde et diminuer l’effort de défense (…) pour beaucoup de nos partenaires, la défense devient inutile (…) or la menace est toujours est toujours présente. L’Europe s’exonère de menaces réelles ». En en citant quelques-unes, l' »Af-Pak », les trafics en tout genre, le terrorisme, la cybercriminalité ou les tensions dans le pacifique, la conclusion est sèche « ces sujets ne sont partagés par aucun de nos partenaires européens ». Voir encore plus sévère: « L’Europe ne compte pas assurer un rôle quelconque ». Ou à propos des opérations menées par l’UE (Atalante, Balkans…): « Ces opérations restent marginales et leurs commandement est compliqué. » Le message est clair : l’Europe, contrairement à la vision socialiste, n’a pas d’ambition, la France, si.

Le ministre a ensuite soutenu la reforme de la défense, ouvertement critiquée par Hollande, « les économies ont été intégralement restituées aux militaires, soit en équipement, soit à la condition des soldats ». Si Gérard Longuet a affirmé qu’il fallait une révision du Livre Blanc de 2008 « il faut mettre en avant les acteurs de droit international », il a aussi justifié les choix pris par le Président, « rester au minimum dans le gabarie du Livre Blanc. »

Évoquant rapidement les autres thèmes développés par le candidat PS comme la judiciarisation du métier des armes, Longuet s’est arrêté sur un autre point : l’industrie de défense. « La France a une base industrielle nationale forte » pour laquelle il faut une « continuité » et de la « qualité », mettant en avant les efforts dans Recherche et le Développement (3,5 milliards d’euros sur les 16 Mds du volet équipement). La coopération avec les grands états européens n’a pas été oubliée, mettant en avant le rôle moteur que devait jouer la France: « la Grande Bretagne a un esprit de défense mais pas d’esprit européen; l’Allemagne a un esprit européen. » !

Enfin, si le ministre n’a pas ouvertement critiqué le candidat Hollande sur son engagement d’un retrait des forces combattantes d’Afghanistan pour la fin de l’année, l’allusion semblait claire: la France doit respecter « la parole donnée » à ses partenaires.

Cette allocution ressemblait ainsi fortement à un discours de campagne. Une réponse au programme du PS. Alors que l’UMP, depuis sa convention défense de septembre 2011, semble rester muette sur le sujet.