FOB Interview : Jean-François Nédelec (2ème partie).

Jean-François Nedelec est directeur du domaine Soutien et Service Clients de Nexter. Il revient avec FOB sur la part croissante prise par le soutien dans les activités de l’industriel.

Vous avez évoqué les gains partagés avec le client étatique français sur la maintenance du Leclerc. Est ce un exemple isolé ?

Un principe de facturation au « réel consommé » est aussi appliqué sur le VBCI. Les économies ainsi générées, complétées de l’optimisation des organisations industrielles réalisée avec nos partenaires se sont traduites par un gain d’environ 22 M€ sur la durée du contrat. L’état français a ainsi bénéficié d’une ressource budgétaire nouvelle, dont le montant a pu être réinjecté dans les investissements. Ces mécanismes et la volonté de les mettre en application, sont pour nous une manière assez cohérente de nous différencier dans cette période de réduction des budgets clients et de réflexions sur la répartition des activités état/industrie. 

Peut-on également envisager un tel fonctionnement à l’export ?

Bien entendu, même si notre première préoccupation à l’export est de répondre précisément à ce que demande le client dans son appel d’offre. Mais cela ne doit pas nous empêcher en phase amont de montrer ce que l’on sait faire en matière de soutien ou de proposer des options alternatives complémentaires aux expressions de besoins. Tout le monde sait faire du MCO aujourd’hui. Mais le faire avec la logique de variabilité, qui plus est sur le long terme et avec une logique de profit pour le client comme je l’explique plus haut, c’est déjà beaucoup moins courant…

Au-delà des ventes de rechange et du MCO, au-delà également des activités de démantèlement dont FOB s’est déjà fait l’écho, y a-t-il d’autres axes de développement sur lesquels vous investissez ?

Un volet moins connu de l’activité support de Nexter concerne le conseil. C’est une activité qui va se développer en raison de la complexification des moyens du soutien technique et de la baisse progressive des budgets qui pourront y être consacrés. Les clients ont parfois du mal à maitriser l’ensemble des mécanismes de gestion des coûts, des compétences, des déploiements, des stocks, des flux et d’une manière plus générale de l’organisation de l’ensemble des ressources qui concourent à une performance. Il s’agit en fait d’un véritable système industriel complexe dans lequel chaque activité contribue à l’efficacité des autres.  Chez Nexter, nous avons en revanche une bonne idée de l’interaction entre les différents leviers permettant d’agir sur les ressources humaines et industrielles. Nous pensons même être positionnés dans le peloton de tête des industriels de la défense, et parfois posséder une certaine avance en terme de méthodes, de compétences internes et d’organisation de pilotage. C’est donc un domaine sur lequel nous allons continuer d’investir à l’avenir.

Avec déjà un premier exemple concret  ?

C’est une voie que nous explorons aujourd’hui avec la SIMMT (structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres). Nous étudions notamment les différents leviers qui permettront d’optimiser le soutien du parc AMX 10RC, en allant bien au-delà de ce que nous avons déjà déployé dans nos contrats innovants. Nous intégrons par exemple la gestion des ressources humaines, l’organisation industrielle de soutien du client, l’affectation des parcs dans le cadre de la PEGP (politique d’emploi et de gestion des parcs).  Des premières approches de même nature sont également réalisées pour élaborer le volet soutien de certaines offres export de vente de véhicules ou de systèmes d’artillerie.