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Filière petit calibre : vers la fin d’un serpent de mer ?

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Régulièrement déterrée par la représentation nationale, la relance d’une filière souveraine de munitions de petit calibre trouve un nouvel écho avec l’enjeu de la relocalisation de certaines productions stratégiques pour les armées. Deux options sont étudiées, indiquaient hier les députés Vincent Bru (MoDem) et Julien Rancoule (RN), auteurs d’un rapport sur les stocks de munitions français.

Abandonné depuis deux décennies par la France pour des raisons économiques, ce marché du petit calibre « était unanimement considéré il y a encore peu comme abondant et fortement concurrentiel », rappelait Julien Rancoule. Pour ce dernier, cette analyse est désormais datée. L’inflation des prix, les pénuries de matières premières, une demande en croissance et l’évolution du contexte stratégique contribuent à rebattre les cartes dans les ministères concernés.

« Le ministère de l’Intérieur nous a fait part de ses difficultés à s’approvisionner en munitions de petit calibre au profit des forces de l’ordre au début du conflit ukrainien », complétait le député RN. Résultat : impossible de se fournir sur le marché international pour recompléter un stock dont la visibilité était descendue à deux mois. Et un projet de relocalisation aujourd’hui porté par le ministère de l’Intérieur.

« Particulièrement intéressant », ce projet vise à créer une filière de munitions de calibre 9 mm « à partir de la réhabilitation d’anciennes usines ». Bien qu’initialement destinée aux forces de sécurité intérieures, celle-ci pourrait ensuite s’ouvrir aux besoins des armées. Le plan, « semble-t-il assez avancé », passerait par la formation d’une société « type SAS publique-privée, ce qui permettrait d’avoir un avantage sur les prises de commandes directement par le ministère et la DGA ». Cette structure pourrait reposer sur l’entreprise bretonne Nobel Sport, plusieurs fois citée auparavant et « effectivement impliquée sur ce dossier ».

De 40 à 100 M€ seraient nécessaires pour mettre sur pied une filière du 9 mm jugée « viable » grâce aux seuls besoins exprimés par les forces de sécurité intérieure et les armées, mais aussi par d’autres acteurs tels que les douanes et les agents pénitentiaires, voire les sociétés de sécurité privée. Derrière l’indépendance des approvisionnements, l’intérêt est aussi d’ordre économique. Relancer l’activité en France permettrait d’économiser six centimes par munition de 9 mm par rapport à l’export. Pour le député RN, ce n’est « qu’une question de volonté politique pour que ce projet aboutisse à assez court terme au final parce qu’on nous a parlé de munitions dès fin 2024 ».

L’opération ne va cependant pas sans plusieurs réserves. « Tout d’abord, ce n’est qu’un projet, un projet qui n’est pas abouti », tempérait Vincent Bru. Sa rentabilité, ensuite, doit être garantie tant par l’assurance de débouchés à l’export que par l’élargissement à d’autres références, à commencer par les calibres 5,56 mm et 12,7 mm utilisés par les armées. À défaut de filière nationale, un autre scénario a priori moins risqué est avancé, celui d’une coopération avec « un voisin européen tel que notre partenaire belge ». Un voisin qui « a fait des propositions dans ce sens ».

Les BITD française et belge, faut-il le rappeler, disposent chacune d’un munitionnaire de premier plan : Nexter d’un côté et FN Herstal de l’autre. Les deux pays partagent par ailleurs un « ADN » commun par l’entremise de Nexter Arrowtech Belgium et du groupe EURENCO, tous deux implantés des deux côtés de la frontière. Qu’importe le format retenu, une telle alliance franco-belge capitaliserait en partie sur des moyens et savoir-faire existants et réduirait par là l’investissement étatique. Un paramètre qui aurait pour intérêt de rendre les deux projets compatibles, leur combinaison ne faisant que contribuer à renforcer la sécurisation des approvisionnements.

Crédits image : FN Herstal

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