Le ministère des Armées a passé commande pour plusieurs centaines de micro-drones NX70 supplémentaires, annonce l’entreprise aixoise Novadem lors du salon de défense parisien Eurosatory.
Novadem a le sourire. Valorisé à près de 10 M€, ce marché notifié en début d’année mais officialisé cette semaine verra le droniste aixois produire et livrer 260 NX70 entre 2024 et 2025. De quoi amener le parc des armées françaises à plus de 440 vecteurs. Historique, cette commande passée par la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) comprend également un complément de stations d’alimentation filaires NXWIRE.
En comptant les vecteurs en centaines et non plus en dizaines d’exemplaires, l’entreprise bascule dans une démarche de massification et d’accélération qui lui demandera de revoir son outil de production. « Nous devons aller plus vite, ce qui nous motive à mettre en place une ligne de production dédiée au NX70 qui permettra de garantir un flux continu », nous explique le co-fondateur et PDG de Novadem, Pascal Zunino. Les premiers systèmes seront livrés dès cet été.
Opérations spéciales, surveillance de bases opérationnelles avancées, protection de convoi, etc. : le NX70 a largement démontré sa polyvalence depuis 2018 et le premier lot acquis en urgence opération. S’il est opéré par un éventail d’acteurs, le NX70 semble désormais prendre davantage la direction des régiments d’artillerie. Désormais couplé au canon ou au mortier, ce drone du spécialiste devient en effet un oeil déporté pour l’artilleur. « Grâce au drone, nous allons multiplier les effets, être plus précis, plus rapide et finalement être plus efficaces », résume Pascal Zunino.
Cette confiance renouvelée, c’est aussi une fierté, poursuit Pascal Zunino. Le choix des armées prouve que « notre produit a répondu au besoin, a su aussi évoluer parce que les attentes ont changé ». Les retours d’expérience, notamment du Sahel, ne sont pas restés lettre morte et ont su enrichir les améliorations successives. La résolution de la voie thermique, par exemple, s’est considérablement affinée pour « permettre de réaliser un renseignement de nuit toujours plus performant ».
« Nous avons simplifié beaucoup de choses, notamment en ajoutant de l’automatisation pour les phases de décollage et d’atterrissage ». Les ajouts sont autant logiciels que matériels, à l’image du télémètre intégré en cours de route. L’effort s’est avéré payant. L’an dernier, l’armée de Terre a décidé de porter la totalité de son parc au dernier standard 2.2, une opération majeure coordonnée par la DMAé.
« Nous savons très bien que dans notre domaine il est hors de question de s’endormir », relève Pascal Zunino. Ses équipes planchent déjà sur un standard 3 avec pour objectif d’aboutir d’ici un à deux ans. L’emploi et les menaces changent rapidement, deux paramètres nécessitant d’orienter une partie des réflexions sur la résilience des liaisons de données et la navigation sans GPS. « Ce que l’on attend, ce n’est plus seulement de protéger le système mais également d’assurer la continuité de la mission en environnement contesté ».
Novadem ne progresse pas seul. Derrière le partenariat de longue date établi avec MBDA sur le tir au-delà de la vue directe et la lutte anti-drones, l’entreprise s’est rapprochée de Thales pour travailler à l’intégration de systèmes robotisés dans la vétronique du combat SCORPION, ainsi que dans la Combat Digital Platform et dans le système de conduite de tir ATLAS du géant français.
Depuis plusieurs mois, Novadem est monté à bord du programme CENTURION de développement des équipements du combattant du futur. Davantage prospectif, ce projet baptisé JUPITER et conduit en partenariat avec Safran et Scalian vise à progresser sur le concept de drone « compagnon du soldat ». Exit la station de contrôle immobilisant un fantassin, place à la simplification des ordres en misant sur une autonomie croissante.
« Ces beaux succès en France ne nous font pas oublier l’importance du marché export », poursuit Pascal Zunino. Avec l’appui de l’Économat des armées, sa société vient d’élargir son empreinte en Afrique avec la fourniture d’une dizaine de systèmes au Mozambique. Ces matériels désormais perçus, la formation des télépilotes locaux devrait démarrer le mois prochain. D’autres sujets sont en préparation ailleurs. En Europe, notamment, marché concurrentiel dans lequel Novadem s’illustrait encore l’an dernier en livrant son best-seller à l’armée luxembourgeoise.