Plusieurs milliards d’euros sont sur la table en Belgique pour financer le soutien des parcs de véhicules de la Composante Terre. Un investissement majeur qui bénéficiera tant au responsable industriel du partenariat franco-belge CaMo, KNDS France, qu’à la filière de défense belge.
C’est l’un des enjeux permettant d’expliquer l’étendue de l’investissement consenti pour rééquiper la capacité motorisée belge. La maintenance des parcs actuels et à venir est en effet « un des plus gros postes de dépense dans le coût total d’un matériel militaire », rappelait la Cour des comptes belge dans un rapport publié la semaine dernière. Et un investissement conséquent engagé dès 2025, année de perception des premiers blindés Griffon commandés au travers de CaMo.
Non intégré au lancement de CaMo mais depuis affiné par la Défense, le volet maintenance de cette modernisation représente pour l’instant un peu plus de 4 Md€ sur l’enveloppe globale de 14,7 Md€ telle que calculée par la Cour des comptes. De quoi garantir le soutien des Griffon, Jaguar, CAESAR commandés via le partenariat stratégique mais aussi de camions blindés, de véhicules de commandement et de liaison Falcon et de matériels de simulation. Le tout estimé pour 25 ans, quand l’horizon des contrats en cours de passation vont légèrement au-delà.
Exit le contrat forfaitaire proposé à l’origine par le maître d’oeuvre et similaire à celui adopté côté français. La Défense belge a privilégié la passation de contrats nationaux tant verticaux qu’horizontaux. Un premier contrat vertical a été validé le 19 juillet 2024 par le gouvernement avec six autres marchés publics au profit des militaires. Négocié avec KNDS France, ce marché de 1,48 Md€ prévu pour 30 ans englobe la constitution d’un stock de pièces de rechange (248 M€) ainsi qu’un « budget de fonctionnement » de 1,24 Md€ « pour des travaux de maintenance à effectuer par le fournisseur industriel sur l’ensemble de la durée de vie du matériel ».
Quelques 51 M€ sont prévus pour les quatre premières années d’un marché qui ne limite pas aux Griffon, Jaguar et autres CAESAR déjà achetés. Selon la Cour des comptes, l’enveloppe prévoit également « les dépenses de maintenance des véhicules Serval infovalorisés qui pourraient être acquis auprès de la France par la Défense ». Cette acquisition valorisée à près de 700 M€ doit encore être avalisée. Derrière KNDS, deux autres contrats verticaux doivent encore être conclus pour un volet « communication et technologie » a priori maîtrisé par Thales et pour un « système d’armes » non défini.
Mais le « gros morceau » consistera à contractualiser le programme LS2 (Land Systems Logistic Support). Ce contrat horizontal vise, toujours selon la Cour des comptes, à « accroître l’autonomie stratégique de la Belgique en matière de maintenance » en mobilisant la filière locale. Il s’étend cette fois à l’ensemble du matériel de la Composante Terre. Approuvé le 5 avril 2024 en Conseil des ministres, le programme LS2 s’appuiera sur de nouvelles installations construites à Rocourt et complétées d’antennes décentralisées au sein des quartiers de Bourg-Léopold et de Marche-en-Famenne. Lui aussi est envisagé pour une période de 30 ans.
Avalisé en avril 2024 par le Conseil des ministres, ce marché reposera sur le consortium belgo-belge formé par Thales Belgium, John Cockerill Defense et FN Herstal. Deux logiques complémentaires sont envisagées. L’une, un socle correspondant aux réparations et à l’entretien du matériel à partir des rechanges fournis par le fabricant, est estimé à 689 M€. L’autre relève d’un éventuel transfert de tâches habituellement accomplies par la Défense. Un « potentiel de croissance » évalué à 3 Md€ et qui amènerait le trio industriel à gérer les stocks de pièces, la préparation opérationnelle des véhicules, la formation du personnel militaire ou encore l’appui en opérations ou lors d’exercices. Une mission nouvelle synonyme non seulement de visibilité, mais aussi de transfert de savoir-faire et de développement d’un écosystème logistique local.
Crédits image : 8e régiment du matériel