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CENTURION : comment la DGA, Thales et Safran équipent le combattant de demain

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Crédits : DGA

Diminuer la fatigue, augmenter la protection

Bien que son implémentation soit progressive, CENTURION était présenté lors du FID sur base de trois jalons majeurs. Actuellement, avec un équipement composé du casque F3, du Glock 17FR, de jumelles de vision nocturne (JVN) O-Nyx et autres SICS débarqué. Demain, en 2025, le combattant pourrait être doté de lunettes connectées, d’un casque F4, d’une radio section ultra-portative, de JVN connectées et d’un système de localisation en intérieur. Le dernier, au-delà de 2028, est ancré dans la prochaine loi de programmation militaire, relève cette fois essentiellement de la prospective. La pondération est de mise avec cet horizon, mais n’empêche pas d’imaginer un drone ou un robot équipier, des textiles fonctionnalisés, un exosquelette agile ou encore un détecteur acoustique de menaces. Qu’importe l’horizon, industriels et opérationnels planchent d’ores et déjà sur plusieurs solutions, exemples à l’appui.

CENTURION « est encore trop jeune » que pour pouvoir délivrer des technologies matures. La plupart des 19 projets en cours ne s’achèveront qu’en 2023 ou 2024. Quelques-uns, moins complexes, pourraient néanmoins arriver à terme dès cette année. C’est notamment le cas de « X-os Neo », piloté par l’entreprise aindinoise Géopack. Présentée durant le FID, cette étude de concept itérative « sera très utile pour les combattants en charge des armements collectifs. Ce sont quelques profils particuliers mais qui doivent porter des charges très lourdes, de l’ordre de 30 kg ».

Issus de la structure de portage existante X-os, ces kits d’adaptation pour musette sont conçus pour répartir le poids du missile MMP, du lance-roquette AT4 ou du fusil FR12,7 sur les os du bassin et de réduire les contraintes au niveau des épaules. Cette solution est un exemple type de solution qui pourra être négociée par Safran à l’occasion d’un futur incrément FELIN, voire être être acquis directement par le Service du commissariat des armées (SCA).

Le bouchon Senti-Bang pourrait aboutir en juin prochain. À l’automne, ce sera au tour de Techtera de livrer de premiers résultats relatifs à l’étude d’applications militaires pour les fibres à base de soie d’araignée. Avec Safran, le pôle régional étudie les capacités d’approvisionnement de la filière française et réalise une caractérisation des propriétés mécaniques de telles fibres. 

Au carrefour de la protection et de la réduction de la fatigue, la filiale française du groupe MSA travaille sur un casque F3+, évolution de la version en dotation depuis peu dans l’armée de Terre. Objectif : réduire de 30% la masse de la coque du casque F3 sans diminuer la performance balistique et la surface de couverture. Pour l’industriel, il s’agira de monter en compétence sur la mise en forme du casque et la fabrication de nouveaux matériaux. Il ouvre d’une certaine manière la voie au futur casque F4.

Non seulement le casque s’allège mais il participe également activement à la protection du combattant. Metravib et l’ISL planchent depuis décembre 2020 sur SLAC, un système de détection et de localisation de tir directement intégré sur le casque. Un principe connu que le duo s’efforce de redimensionner et de renforcer en envisageant d’y adjoindre des capacités de détection de drone et d’écoute directive. SLAC repose sur des capteurs acoustiques de type MEMS sur une antenne planaire positionnée sur le casque et couplée à un algorithme de détection/localisation. Le tout s’interfacerait avec un système d’information tactique pour restituer et fusionner les données.

Parmi les technologies hors-périmètres de CENTURION, l’hybridation, le armes individuelles et collectives, la protection NRBC ou encore la pharmacologie (Crédits : Thales/Safran)

Mieux comprendre, mieux communiquer

Hormis la protection et le confort, CENTURION porte aussi l’effort sur l’amélioration du partage d’informations et de la vision nocturne. Ainsi, Safran, Éolane et le laboratoire de conception et d’intégration des systèmes (LCIS) de Grenoble proposent de réduire la masse et les contraintes ergonomiques des antennes « fouet ». Exit l’antenne verticale peu discrète et susceptible de s’accrocher au moindre branchage, le projet GIANTE 2 propose une antenne planaire directement intégrée à une pièce textile de la tenue de combat et capable de maintenir la communication dans toutes les postures.

Installée sur le torse du combattant, l’antenne issue de GIANTE 2 maximisera un rayonnement radio omnidirectionnel constant tout en garantissant la sécurité électromagnétique. Il faudra attendre l’automne 2023 pour en connaître les premières conclusions.

La JVN connectée, ensuite, entend répondre à « la problématique d’utilisation du SICS débarqué en utilisation furtive de nuit ». Les terminaux mobiles du SICS-D ne disposent en effet d’aucun mode spécifique à une utilisation de nuit. Pilote du projet, Thales œuvre dès lors à projeter certaines informations transmises par SICS sur la JVN FELIN du chef tactique. Il s’agira de définir des interfaces homme-machine déportées, étude effectuée à partir de l’outil d’expérimentation immersive Image’Inn de Thales et accompagnée d’évaluations de terrain à l’aide d’un démonstrateur.

Enfin, Thales travaille en partenariat avec la PME iséroise Pyxalis pour muscler les outils de vision nocturne.  Baptisé « ICMOS », l’effort repose sur le couplage d’un capteur CMOS de Pyxalis avec un tube intensificateur de lumière et un outil de traitement d’images innovant. Grâce au post-traitement numérique du signal, cette chaîne optique d’un nouveau genre permettra au combattant d’évoluer par nuit plus sombre et avec une meilleure qualité d’image. À terme, ICMOS devrait faciliter l’accès à de nouvelles fonctionnalités issues du numérique, tel que l’enregistrement du flux d’images, la détection de cible, la fusion de données, etc.

Cet échantillon ne peut résumer à lui seul le niveau d’ambition. Derrière ces quelques exemples, d’autres idées sont suivies de près par la DGA. Dans le domaine de la navigation par exemple, avec une technologie reposant sur le principe d’odométrie visuelle. Derrière ce nom, une caméra filme l’environnement immédiat et calcule un mouvement en fonction des positions successives par rapport à un objet présent dans le champ. « C’est une méthode de localisation par la vision, qui permet de situer en espace hors-GPS et en même temps de cartographier la scène en 3D », précise l’ingénieur principal Antoine. Plusieurs sociétés françaises planchent dessus, motivant la DGA à lancer les discussions. En attendant l’émission d’autres besoins, auxquels répondront d’autres pépites françaises éventuellement retenues lors d’autres marchés CENTURION.

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