CaMo, ce modèle qui pourrait être partiellement reproduit avec l’Irlande 

Après la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg, direction l’Irlande pour les blindés développés dans le cadre du programme SCORPION ? Ce qui reste un prospect parmi d’autres était évoqué pour la première fois aujourd’hui par l’un des maitres d’oeuvre du programme, KNDS France.

« CaMo, oui c’est exemplaire », relevait ce matin le nouveau directeur des activités systèmes de KNDS France, Alexandre Dupuy. Adossé à un accord intergouvernemental, ce partenariat franco-belge est « un modèle qui fonctionne, qui nous a permis de vendre les mêmes matériels de la gamme SCORPION ». La mécanique CaMo bien lancée, l’enjeu sera d’étendre le modèle à d’autres armées. Il le sera prochainement vers le Grand-Duché de Luxembourg, qui s’apprête à acquérir 16 Griffon, 38 Jaguar et 5 Serval par l’entremise de la Belgique. Il pourrait ensuite l’être « peut-être vers l’Irlande (…) et puis potentiellement d’autres pays », confirmait le représentant de KNDS en réponse à une question parlementaire. 

Les modalités d’un tel scénario « restent à définir », mais la piste irlandaise est mentionnée depuis un moment et notamment pour le Serval. Derrière la rénovation de ses 80 véhicules Piranha III, Dublin a d’ores et déjà planifié le remplacement et le renforcement de sa capacité blindée. Voici plusieurs mois qu’une équipe civilo-militaire planche sur l’identification des besoins, une phase qui devrait déboucher cette année sur le lancement d’un programme d’acquisition. Récemment mis sur pied, cet « Armoured Fleet Programme » devrait en théorie déboucher sur des livraisons d’ici à 2028, indique un document récent du département de la Défense irlandais.

D’une certaine manière, l’Irlande a déjà amorcé un début d’interopérabilité matérielle avec les trois pays du « club SCORPION ». Environ 2500 radios logicielles SYNAPS-H, SYNAPS-V et SYNAPS-A seront livrées à ses forces de défense par Thales. Des solutions issues du programme français CONTACT et aujourd’hui en service de part et d’autre de la frontière franco-belge.

Précurseur, le cas belge est aussi unique de par son extension à l’ensemble de l’approche DORESE*. « La complexité, néanmoins, de ce cadre, ne serait-ce que parce qu’il requiert un accord intergouvernemental fait qu’on regarde aussi d’autres moyens un peu plus simple de travailler en coopération, notamment via les contrats-cadres qui ont été mis en place par la DGA ». Efficaces et « faciles à mettre en oeuvre » car conduits sans mise en concurrence, ceux-ci permettent à la DGA d’agir « au nom et pour le compte » d’un client tout en limitant son rôle à celui d’une « agence d’acquisition ». 

Cette perspective intervient sur fond d’entame des livraisons des véhicules acquis au travers du partenariat CaMo. La première base roulante de Griffon est arrivée mi-décembre chez MOL, industriel belge chargé de l’assemblage final. Une quinzaine d’exemplaires sont attendus cette année par la Composante Terre, lot initial nécessaire pour entamer la transformation d’un premier bataillon d’infanterie courant 2026. 

*Doctrine, Organisation, Ressources humaines, Équipement, Soutien et Entraînement

Crédits image : 1er RS