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budget de la défense: l'effort de trop

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Le drianÇa ne passe plus. La défense devra-t-elle participer à l’effort budgétaire national de 50 milliards d’euros comme le souhaite Bercy ? Une loi de finances rectificatives pourrait être déposée en ce sens en juin. Déjà, le Délégué général de l’armement Laurent Collet Billon se serait entretenu hier avec le directeur de cabinet de Le Drian pour évoquer ces coupes.
Sauf qu’à la Défense, ça coince. De nouvelles coupes de cette ampleur (on parle de deux milliards par an) impliquent nécessairement de refaire une Loi de programmation militaire. Or, les équipes, qui ont travaillé pendant des mois pour aboutir à la LPM, sont exsangues. On demande aux Etats-Majors de replancher sur un projet qui a été si difficile à mener et qui a été voté il y a à peine six mois. Bercy, avec sa logique purement mathématique ne se rend pas compte que la Défense est à bout. Tous, militaires, industriels, politiques ou civils de la défense sont sortis épuisés et très affectés de la période LPM. Car bonne élève, avec la dernière mouture de la LPM, la défense a déjà consentie à un effort considérable : 60 milliards d’euros et la suppression de près de 80 000 postes, sans même parler des conséquences industrielles. Un effort supplémentaire ? Impossible. Résultat, c’est bien plus que de l’indignation qui règne dans les couloirs de Saint Germain, mais bien un sentiment d’injustice voire de révolte, confiait un observateur à FOB. La défense a déjà fait d’énormes sacrifices, dont elle digère à peine les premiers effets.
 
« On est au bord d’une crise institutionnelle grave» confiait à FOB une bonne source. Car à peine calmés du dernier effort budgétaire consenti, les esprits s’échauffent, « personne ne comprend ce que demande Bercy, cela fait bien longtemps que l’effort a été fait », entend-on dans un Etat Major. Un vent de révolte ? Cela se pourrait bien. En tout cas les pires scénarios circulent. Même au niveau cabinet, c’est la goutte de trop qui fait déborder le vase. « Il en va de la crédibilité des chefs ». Déjà affecté par des mois de bataille pour sauver l’essentiel, le ministre lui même refuserait tout simplement de négocier et selon certaines rumeurs il pourrait mettre dans la balance sa démission. Car « Il n’y a plus de gras, on va toucher à l’os » s’enflamme un militaire.
Même du côté parlementaire, le sentiment de gêne règne. Car ce que ne réalise pas Bercy, c’est que l’effort pour la LPM a tellement affecté les acteurs de la défense, qu’une sorte d’union sacrée s’est finalement constituée. Politiques, militaires et industriels concernés dans la Défense ont déjà tellement soufferts, qu’ils ont fini par s’unir dans la douleur. Le malaise touche toutes les strates de la Défense, du plus haut niveau jusqu’au plus bas, comme le révèle le dernier rapport de Michel Pinault, président du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM). Et cette union sacrée pourrait faire surface au grand jour avec le spectre de ces nouveaux sacrifices.
Au delà de l’indignation, la révolte ! Les rumeurs les plus folles courent dans le milieu de la Défense, dont celle de la menace d’une démission massive des hauts officiers généraux français, qui n’en peuvent plus et ne pourront plus faire avec ces nouvelles coupes. Oui, le bruit circule : l’ensemble des chefs d’Etats Majors se serait parlé et pourrait, dans le sillon provoqué par un possible départ de leur ministre, remettre eux aussi leur démission ! Du jamais vu, le spectre d’un type de crise institutionnelle et politique comme la Vème République n’a jamais connue ! Et dont le président se passerait bien. Car, quels chefs d’Etas major, alors que chaque armée n’a pas encore digérée les réformes, pourrait accepter d’être le fossoyeur des Forces aériennes stratégiques, le tueur du groupe aéronaval ou le démolisseur de Scorpion ? Vraies ou pas, ces folles rumeurs révèlent surtout que la Défense est à bout. Un sentiment dont ne semblent pas avoir conscience Bercy, Matignon, ni même l’Elysée, qui au final devra bien trancher. Tandis que stratégiquement cet effort supplémentaire reste incompréhensible et déclasserait la Défense de la France, alors que la Russie montre ses muscles aux portes de l’Europe, rappelant qu’un risque de guerre conventionnelle sur le territoire européen est toujours d’actualité.

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