EDIDP : la belle moisson 2020 de la filière défense française

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La France n’a peut-être pas remporté la dernière coupe d’Europe de football, mais elle conserve bien la palme lorsqu’il s’agit de faire rayonner sa base industrielle et technologique de défense hors de ses frontières. Preuve en est avec les résultats du dernier appel à projets lancé au titre du Programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP). 

Le Made in France distingué à 61 reprises

Des 63 propositions en lice pour le second et dernier appel à projets EDIDP, 26 ont été sélectionnées pour un montant dépassant les 158 M€. Et, à l’image de la première vague EDIDP de 2019, la BITD française se taille à nouveau la part du lion. 

Non contente de coordonner sept programmes, la BITD française est aussi la mieux représentée avec 61 entreprises, laboratoires et instituts de recherches sur les 717 retenus dans toute l’Europe. Seuls six des 26 axes de R&D ne comprennent aucun représentant tricolore. 

Les grands maîtres d’oeuvres des trois principaux secteurs ont à nouveau répondu présent, de Thales à Nexter, en passant par Airbus, MBDA et Naval Group. La palme revient incontestablement au groupe Thales, dont les filiales ont été sélectionnées à huit reprises. 

Le contingent français comprend également une large part d’ETI, PME et startups. Certaines sont bien connues – Cilas, iXblue par exemple – et d’autres beaucoup moins. C’est notamment le cas de Prolexia, petite structure de La Seyne-sur-Mer (Var) labellisée French Tech et active dans le domaine de la simulation, de la réalité virtuelle et augmentée, et de la robotique. Elle participera au projet USSPS de développement d’une solution de surveillance de l’environnement marin sur base d’un réseau de plateformes robotisées fixes et/ou semi-fixes. 

Il faudra attendre le lancement effectif de chaque programme pour connaitre l’enveloppe financière attribuée à chaque partenaire. Le succès de la France est en tout cas significatif de la vivacité de son écosystème de défense, de la pertinence de ses solutions technologiques et du soutien apporté, entre autres, par la DGA dans la constitution des dossiers de candidature.

Entres autres axes de R&D à venir dans le domaine terrestre : les munitions d’artillerie de 155 mm et les plateformes d’appui-feu futures (Crédits : 11e RAMa)

Deux projets pour l’artillerie de demain

S’il fait la part belle aux domaines spatial et naval, cet ultime cycle de financement EDIDP n’a pas oublié le domaine terrestre. « Trois projets dans lesquels le groupe Nexter est très investi ont été retenus pour un financement de l’EDIDP: FAMOUS, FIRES et e-COLORSS. Nous sommes aujourd’hui au cœur de l’Europe de la Défense sur nos trois domaines d’excellence – véhicules, artillerie et munitions », se félicitait le nouveau PDG du groupe Nexter, Nicolas Chamussy, sur son compte Twitter. 

Derrière FAMOUS pour les plateformes terrestres, les deux autres sujets touchent directement au domaine de l’appui-feu, régulièrement relégué au second plan. Doté de 3,5 M€ et piloté par Nexter Munitions, FIRES (Future Indirect fiRes European Solution) planchera sur des obus de 155 mm et roquettes de nouvelle génération basés sur des technologies communes. Il rassemble 18 entreprises, dont MBDA France et Roxel. 

e-COLORSS (European COmmon LOng Range indirect fire Support System) sera lui aussi financé à hauteur de 3,5 M€. Il comprend la recherche de synergies entre les futures plateformes d’artillerie de 155 mm et lances-roquettes. Selon Nexter, il s’agira également d’envisager « le recours poussé à l’automatisation pour le chargement et le ravitaillement et l’étude d’un système de contrôle-commande (C2) performant, interopérable, sécurisé et commun ». Vingt partenaires de 12 pays européens sont concernés, dont Nexter et iXblue. 

Difficile, malgré ces définitions succinctes, de ne pas entrevoir de potentielles briques pour le futur programme franco-allemand « Common Indirect Fire System » (CIFS). Retardé au démarrage, CIFS reste néanmoins l’une des axes majeurs du programme TITAN de l’armée de Terre, qui vise au renouvellement du segment de décision.  

Tant FIRES qu’e-COLORSS sont par ailleurs liés au volet Indirect Fire Support Capability (EuroArtillery) de la Coopération structurée permanente (CSP/PESCO). Coordonné par la Slovaquie, ce projet n’a jusqu’à présent pas démontré d’avancées tangibles.