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Un premier système "soft-kill" automatisé made in France

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Parmi les 160 innovations présentées lors du 1er Forum Innovations Défense (FID), Lacroix dévoilait le premier système d’autodéfense automatique « soft-kill » (AOS*) développé en France. Sobrement baptisée DAL-Galix, cette armure invisible est composée d’un Détecteur d’Alerte Laser (DAL) LEDS-50 de Saab Grinteck et de senseurs météorologiques couplés au système Galix de l’ETI Haut-Garonnaise.
 

Le système DAL-Galix en action (Crédit: Lacroix)

Le système DAL-Galix en action (Crédit: Lacroix)


 
On ne présente plus le Galix, fer de lance de la gamme Lacroix Défense pour les systèmes terrestres et aujourd’hui installé sur plus de 5.000 véhicules militaires de par le monde. Mais une fois couplé à une suite de détecteur, Galix se transforme en un système « soft-kill » aujourd’hui totalement absent du panel capacitaire de l’armée de Terre. De fait, les véhicules français actuels restent protégés seulement par des systèmes à déclenchement manuel ; ils sont également dépourvus de tout détecteur d’alerte laser.
 
Présenté dans le quartier « La guerre de demain – Combattre et gagner » du FID, le système DAL-Galix présente deux atouts certains. De fait, il permet de fiabiliser la protection du véhicule en ajoutant une action de détection automatique, ce qui permet de diminuer drastiquement le temps d’engagement de la protection en automatisant la phase de décision. Ainsi, lorsqu’un départ de tir est détecté dans un rayon de 5 km, le DAL transfère les données de menace et d’angle d’attaque au calculateur du système Galix. En réaction, Galix lancera à son tour des contre-mesures multispectrales capables de perturber le tireur adverse en moins d’une seconde. Un exploit appréciable, sachant qu’une séquence de tir canon ne dure que deux secondes et une séquence de vol d’un missile moins de dix secondes. Voilà pour la version déjà intégrée sur un véhicule étranger et exportée dans un pays du GCC.
 
Car Lacroix a depuis lors intégré de nouvelles briques technologiques. Une seconde version, entièrement développée sur fonds propres, intègre désormais une fonctionnalité inédite d’aide à la décision d’esquive. Car, si camoufler un véhicule est une chose, lui permettre de manœuvrer à l’ombre de son écran de fumée en est une autre. Difficile, pour un pilote soumis au facteur stress et à un champ de vison réduit, d’intégrer et analyser idéalement tous les paramètres environnementaux. C’est pourquoi Lacroix a développé une fonction supplémentaire conçue pour fournir des recommandations de manœuvre évasives au conducteur. Réduites à leur plus simple expression, ces indications sont générées pour optimiser la position du véhicule vis-à-vis de celle du « nuage » de protection. L’évolution en temps réel de ce dernier est en effet déterminée par la fusion des données issues de capteurs météos, de direction de la menace, de vitesse du véhicule, etc. Des données récoltées sont déduits deux niveaux de recommandations, le premier dévolu à la vitesse et le second à la direction. Inutile de dire que cette version a rapidement attiré l’attention de la DGA qui, en 2016, l’a évaluée dans le cadre d’une Opération d’Expérimentation Réactive (OER). Pour affiner le modèle, Lacroix utilise un banc d’essai mobile sur la base d’un véhicule PVP transformé. « Il s’agit un banc d’essai unique permettant de valider les modèles théoriques en conditions terrain opérationnelles » se félicite le pyrotechnicien. Conclusion de la DGA : le DAL-Galix s’est révélé être « un système mature et innovant » grâce auquel Lacroix est « perçu aujourd’hui comme un acteur crédible » en matière d’APS.
 
Une illustration de la capacité de couverture multispectrale du Galix. En haut à gauche, l'interface d'aide à la décision (Crédit: Lacroix)

Une illustration de la capacité de couverture multispectrale du Galix. En haut à gauche, l’interface de recommandation pour les manœuvres évasives.
(Crédit: Lacroix)


 
Mais le DAL de Saab n’est qu’un exemple de système de détection choisi à des fins d’évaluation et, in fine, le couplage avec Galix sera envisageable avec un large spectre d’outils de détection. L’étape suivante consisterait justement à étoffer la logique avec l’intégration d’autres familles de détecteurs. « Les opérationnels sont demandeurs », nous confirme Lacroix. Et les Armées de voir plus loin, en élargissant le principe à d’autres concepts d’utilisation, tel que la protection de sites sensibles ou de plateformes navales. Il faudra néanmoins répondre à un impératif national : l’intégration de solutions françaises. Difficile de ne pas penser au système Antares en développement chez Thales, ou au Slate de Metravib, deux briques présentes sur les Griffon et Jaguar du programme Scorpion.
 
S’il est adopté par la France, cet APS pourrait bouleverser les règles d’emploi toujours à l’œuvre dans les armées, à savoir « qu’un véhicule ne déploie ses contre-mesures que lorsque le char d’à côté est touché », explique Lacroix. Modularité, automatisation, aide à la décision, les arguments techniques dans le sens de l’adoption sont nombreux. Ajoutez à cela un produit développé et qualifié entièrement sur fonds propres et aujourd’hui vendu à l’export. Fort de ce premier succès, Lacroix lorgne à raison sur le programme CaMo belge et sur quelques projets de modernisation dans d’autres pays européens.
 
Et maintenant ? Les discussions continuent avec la DGA, notamment pour étendre l’architecture actuelle à d’autres détecteurs et contre-mesures, nous confirme Lacroix. En parallèle, le duo DAL-Galix continuera son entreprise de séduction avec des démonstrations au profit de pays du Golfe et de « deux ou trois pays européens » en 2019, en gardant la porte ouverte aux systèmes de détection produits par les industries nationales.

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