LOADING

Recherche

S’entraîner pour être déployé en France – 2e Partie

Partager


Hier, nous avons publié la première partie de notre article concernant l’audition du général Arnaud Sainte-Claire Deville par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale, dans laquelle celui-ci décrivait l’entraînement des soldats français.

En voici la seconde partie.

Patrouilles du 3ème RPIMa sur le marché de noel des Champs Elysées à Paris. Le 23 novembre 2015.

Patrouilles du 3ème RPIMa sur le marché de noel des Champs Elysées à Paris. Le 23 novembre 2015.

« Les tragiques événements de vendredi dernier viennent renforcer ma conviction que nos forces terrestres doivent plus que jamais contribuer à la protection de nos concitoyens sur notre sol, » a souligné le général Sainte-Claire Deville. Il rappela à la Commission que suite aux attaques terroristes visant l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo,  « les forces terrestres ont réussi à déployer, en janvier, 10 000 hommes en trois jours et, depuis lors, nous avons engagé plus de 58 000 soldats – dont 36 000 à Paris – sans incident majeur dans cette opération ». Et cela, même lorsque ces soldats doivent faire face à des agressions physiques ou verbales (une à Paris et une à Nice), et malgré le fait que ce déploiement au sein de Sentinelle ne soit pas facile pour un soldat : les patrouilles peuvent durer entre 5 et 23h, durant lesquelles un soldat marchera entre 15 et 20 km ; ce qui, en 2015, équivaudra pour certains à rester 200 jours loin de chez eux.

Un trinôme armée par le 515 ème Régiment du train patrouille sur l'esplanade de la Défense.

La défense, le 23 Novembre 2015.

Un trinôme armée par le 515 ème Régiment du train patrouille sur l’esplanade de la Défense.

La défense, le 23 Novembre 2015.

Le général expliqua que « de janvier à octobre de cette année, la quasi-totalité des rotations consacrées à la préparation opérationnelle interarmes dans nos centres a été annulée », en soulignant que « depuis le 7 janvier, la capacité à la manœuvre interarmes des unités des forces terrestres décroît donc inexorablement ». Et d’ajouter que « cela signifie qu’aujourd’hui nous ne serions pas en mesure de renouveler une opération comme Serval dans les mêmes conditions de déclenchement et qu’il serait très difficile d’engager dans l’urgence les forces terrestres sur un nouveau théâtre d’opérations extérieures. S’engager sur court préavis dans une opération non planifiée nécessite en effet de disposer d’un bon niveau d’entraînement interarmes que seule permet une préparation opérationnelle interarmes de qualité.» 

La mise en condition préliminaire à tout déploiement a été préservée, mais uniquement au profit des unités appelées à être engagées sur les théâtres d’opérations les plus exigeants, qui sont, d’après le général, « une priorité claire ». L’accent est donc mis sur Barkhane (la suite de Serval) et Sangaris (en République centrafricaine). La mise en condition pour d’autres théâtres est donc « réduite à l’essentiel.»

Mais le général Sainte-Claire Deville a par ailleurs insisté sur le fait que « l’érosion de notre capital opérationnel doit tout de même être pondérée par la solide expérience acquise par nos régiments en opérations extérieures depuis ces vingt dernières années. » Il a en outre expliqué que les forces françaises pourront retrouver un équilibre suite à la décision prise par le gouvernement français en avril dernier d’autoriser l’armée française à recruter 11 000 soldats supplémentaires, même si « nous ne reviendrons pas aux mêmes possibilités d’entraînement qu’auparavant.  (…) C’est la raison pour laquelle nous mettrons en place, à compter d’octobre 2016, une préparation opérationnelle rénovée tenant compte de la maturité professionnelle et de l’expérience de nos unités en décentralisant davantage de processus vers les futurs commandants des deux divisions et en donnant plus d’initiative aux chefs de corps dans la construction de la programmation de leur préparation opérationnelle, » expliqua le général.

Avant le 7 janvier, un soldat consacrait 15% de son temps à des théâtres extérieurs et 5% à des déploiements en France. Depuis lors, il passe toujours 15% de son temps en OPEX, mais dédie maintenant entre 40 et 50% à la mission Sentinelle.

Des patrouilles devant le Musée du Louvre.

Des patrouilles devant le Musée du Louvre.

Néanmoins, « une fois que nous aurons recruté, instruit, formé et entraîné nos 11 000 recrues, chaque soldat utilisera encore 15% de son temps pour les théâtres extérieurs, mais désormais 20 à 25% pour protéger ses concitoyens » en France, a déclaré le général. Et le reste du temps sera consacré à la formation et à « une vie sociale minimale par un meilleur équilibre entre le temps passé en et hors garnison.»

Cette augmentation du nombre de recrues « nous permettra (…) de retrouver à l’horizon de l’été 2017 un niveau d’entraînement acceptable pour une armée professionnelle de premier rang. »


Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *