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MEDEF et BDI relancent le moteur franco-allemand

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C’est désormais un secret de Polichinelle : pour rester compétitive, l’industrie de défense européenne doit s’unir. Et doit donc miser sur des projets de défense communs afin de « renforcer leurs liens politiques, industriels et militaires », déclarent le MEDEF et son homologue allemand, le BDI, dans une déclaration conjointe.
 
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Le 13 juillet 2017, Paris et Berlin s’accordaient pour renforcer leur coopération en matière de défense en s’appuyant sur des leviers tels que la toute jeune Coopération permanente structurée (PESCO). Dans la foulée, les deux pays chargeaient le MEDEF et le BDI de proposer une série de recommandations pour favoriser « une coopération économique entre les deux pays » et « générer des bénéfices économiques au travers de programmes de défense plus performants ».
 
Cette série de recommandations est « une démarche pleinement inscrite dans la relance d’une politique européenne de défense », nous explique le MEDEF. Autrement dit, l’heure est plus que jamais à la mutualisation des besoins et moyens, donc à la mise en commun des ressources et à la simplification des transferts technologiques et des processus décisionnels. Les travaux, présentés le 17 janvier en prévision des 55 ans du traité de l’Élysée, portent essentiellement sur quatre piliers : la PESCO, l’EDF* et l’EDIDP*, les projets conjoints, et les exportations d’armement.
 
Premier élément dans le collimateur du duo franco-allemand : la Coopération permanente structurée (PESCO), pour laquelle « les gouvernements allemand et français devraient trouver une piste afin de générer une valeur ajoutée à la PESCO en définissant des programmes tant concrets que multinationaux ». Certes, la France et l’Allemagne travailleront ensemble sur sept des 17 projets envisagés par la PESCO, mais Paris reste légèrement en retrait en ne dirigeant que deux programmes contre quatre pour Berlin.
 
Ensuite, les initiatives existantes telles que l’EDF et l’EDIDP doivent impérativement incorporer une logique industrielle exempte d’obstacles politiques et financiers, tels que les offset, et seule responsable en matière de décision stratégique. Troisièmement, il faut pérenniser les projets conjoints en favorisant le passage de témoin entre les États initiateurs et une structure industrielle capable de concrétiser le projet en suivant une « approche portefeuille ».
 
Produire c’est bien… mais vendre c’est mieux. Hors, le plus grand défi reste certainement la mutualisation des règles d’exportation. « Jusqu’à maintenant, les normes de contrôle des exportations appliquées en Allemagne ont fortement différé de celles employées en France », rappelle le document. BDI et MEDEF recommandent donc d’intégrer les industriels dans le processus de formulation de nouveaux standards bilatéraux. Reste à convaincre une classe politique allemande particulièrement revêche à toute « révolution procédurale ».
 
En Allemagne, bien plus qu’en France, une partie des politiciens reste fortement opposée aux exportations d’armement. Notamment portée par le social-démocrate Sigmar Gabriel (SPD), actuel ministre allemand des Affaires étrangères, l’opposition s’est encore durcie avec l’affaire des Leopard 2 turcs. Et l’accord gouvernemental CSU-CDU-SPD du 7 février dernier n’envisage aucune mesure précise susceptible de combler le fossé franco-allemand, menaçant de facto les projets de développement communs.
 
Si côté français le soutien étatique à l’égard des industriels a de quoi rassurer, l’inquiétude est croissante outre-Rhin. Comme nous le révélions récemment, Frank Haun, le PDG de KMW et co-directeur de KNDS s’est lui-même plaint des « scénarios de planification incertains, longs cycles de programmation, une réglementation invraisemblable en Allemagne et une politique d’exportation imprévisible ».
 
« Les exportations d’armes et la coopération européenne en matière d’armement sont les deux faces d’une même médaille. L’industrie allemande est fermement attachée à la réglementation actuelle des exportations et à la primauté de la politique », déclarait quant à lui Matthias Wachter, directeur de la sécurité et des matières premières au sein du BDI, dans le quotidien Le Monde. Néanmoins, « un nouveau durcissement des normes nationales mettrait l’Europe en danger, et plus spécialement les projets de coopération franco-allemands », déplore-t-il.
 
 
 
 
 
*EDF : European Defence Fund
*EDIDP : EU Defence Industrial Development Programme

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