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Le SNU reste « un grand flou » pour les sénateurs

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« On a lancé un concours pour savoir quelle serait la couleur de l’uniforme, mais il n’y a pas un sou dans le budget », s’étonnait le sénateur LR Christian Cambon lors d’une audition du secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal sur le Service national universel (SNU). À trois mois d’un test décisif mené dans 13 départements pilotes, un réel scepticisme subsiste au sujet, notamment, du volet budgétaire du dispositif.
 
Capture d’écran 2019-03-11 à 18.03.25
 
« Vous allez dépenser un « pognon de dingue » pour peu de chose (…) », a quant à lui déploré le sénateur socialiste Jean-Marc Todeschini. Le ton est donné: les sénateurs ne sont toujours pas convaincus par le SNU, à l’heure où démarre le recrutement des 2 à 3000 jeunes volontaires qui expérimenteront en juin un dispositif dont l’origine du financement demeure résolument flou. Seule certitude, cette phase programmatique coûtera quatre millions d’euros, soit 2000€ par jeune pour 15 jours d’engagement. Ce montant sera compensé sur les programme 124 et 163 du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Il n’y aura dès lors pas de ligne budgétaire dédiée pour 2019, mais plutôt une ponction régularisée par le Projet de loi des finances rectificative, suivie d’un « programme budgétaire spécifique » en 2020 pour la phase de montée en puissance.
 
Selon Gabriel Attal, cette étape préliminaire permettra « d’être pragmatiques, économes dans nos moyens, et d’évaluer les besoins avant d’engager ces 800 000 jeunes. Cette phase conditionnera beaucoup de choses, car à l’issue de celle-ci, nous prendrons un certain nombre de décisions ». Cette évaluation autorise d’emblée le secrétaire d’État à rejeter les scénarios annoncés précédemment. « Au vu des projections, nous serons bien en-deçà de 1,5 milliard d’euros », estime-t-il. Bien en-deçà ? Sans doute, mais pas dans l’immédiat, celui-ci mentionnant un coût annuel de 1,4Md€ que seules « des économies d’échelle » pourront faire baisser « lorsque le SNU sera généralisé ». Exit, par contre, les 7 à 10Md€ nécessaires pour la construction de centres d’hébergement. Les huit à dix périodes de formation annuelles ne devraient chacune capter que 800 à 1000 jeunes par département. « Compte tenu des possibilités d’hébergement, les objectifs sont tout à fait atteignables », ajoute Attal.
 
La grande saignée pourrait finalement ne pas avoir lieu, mais la provenance des finances nécessaires reste, elle, indéterminée. Quel ministère sera, in fine, impacté et, surtout, quelle sera la quote-part des Armées ? Tout en s’évertuant officiellement à sortir l’hôtel de Brienne de la boucle budgétaire, conformément à la LPM 2019-2025, Attal a néanmoins confirmé que le SNU s’appuiera bien sur l’encadrement de l’armée. L’implication des militaires d’active étant belle et bien exclue, seul « le recours à des volontaires ayant une expérience militaire – réservistes ou retraités – est possible ». Le ministère des Armées a d’ores et déjà fait appel à ceux-ci « pour encadrer la préfiguration du SNU sous statut civil », révélait vendredi dernier le blog spécialisé Lignes de défense. L’expérience de ces volontaires sera par ailleurs complétée d’une formation spécifique au SNU et « dispensée en mars ou en avril ». Or, selon Bénédicte Chéron, historienne spécialisée dans la question des relations armées-société, « pas une ligne budgétaire n’est prévue en 2019 dans le budget des armées pour le temps passé à cette formation des encadrants. Or les militaires vont y passer du temps, mobiliser des locaux (éventuellement  chauffés et éclairés…), nourrir les encadrants, etc. Qui paye ? », rappelle à juste titre Bénédicte Chéron, historienne spécialisée dans la relation armées-nation, sur son compte Twitter.
 
« À ce stade, il est assez compliqué d’établir une évaluation budgétaire du dispositif en rythme de croisière, dès lors qu’un certain nombre de décisions importantes seront prises à l’issue de la phase pilote », explique Attal. Les conclusions de ce test devraient donc permettre d’ajuster les variables et de fixer l’épaisseur du trait avant de déterminer qui « passera à la caisse » lors du Projet de loi de finances pour 2020, remis fin septembre. L’aboutissement est d’autant plus incertain que la classe politique ne disposera à priori que de quelques semaines pour régler – définitivement ? – une question laissée en suspens depuis presque deux ans.
 

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