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Le serpent allemand se mordra-t-il la queue?

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Le serpent allemand se mordra-t-il la queue ? Bousculé par un rapport dénonçant le manque criant de matériel et d’effectifs au sein de la Bundeswehr, le gouvernement allemand a pourtant prolongé, et parfois renforcé, les OPEX  dans lesquelles les soldats allemands sont aujourd’hui engagés.
 

Des secouristes allemands utilisent un NH90 Medevac allemand pour un exercice d'évacuation médicale près de Gao  (Mali) le 2 novembre 2017 (Crédit photo: Bundeswehr/Johannes Müller)

Des secouristes allemands utilisent un NH90 Medevac allemand pour un exercice d’évacuation médicale près de Gao (Mali) le 2 novembre 2017
(Crédit photo: Bundeswehr/Johannes Müller)


 
Maintenue jusqu’au 31 mars 2019, la mission allemande en Afghanistan verra son effectif passer de 980 à 1300 militaires. La dégradation de la situation sécuritaire du pays implique d’engager davantage de moyens, notamment au profit de l’entraînement de l’Armée nationale afghane (ANA). Le mandat allemand sera donc renforcé dans la région de Kunduz, où la Bundeswehr est chargée de conseiller le 206e corps de l’ANA.
 
Les contours de l’implication allemande au sein de la MINUSMA (Mali), prolongée jusqu’au 31 mai 2019, vont être élargis pour la troisième fois pour atteindre 1100 militaires. Une posture renforcée que le ministère de la Défense explique par le transfert de commandement du camp Castor (Gao) aux Allemands depuis le 31 décembre 201è et par la nécessaire extension de la base aérienne de Niamey au Niger. Le tout requiert plus de personnel consacré à la surveillance et au maintien du matériel. La mission d’entraînement européenne EUTM Mali conservera quant à elle 400 soldats allemands. Rien ne change également pour les missions UNAMID (Soudan) et UNMISS (Soudan du Sud), chacune dotée de 50 soldats allemands jusqu’au 31 mars 2019.
 
A contrario, l’opération en Irak va quand à elle perdre un tiers de ses effectifs pour plafonner à 800 soldats, contre environ 1250 pour les deux précédents mandats. Une réduction en partie due au retour d’une frégate jusqu’alors dédiée à la protection du porte-avions Charles de Gaulle et à la diminution du nombre de chasseurs-bombardiers Panavia Tornado ECR déployés en Jordanie. Berlin a en outre décidé de mettre un terme à la mission d’entraînement des peshmergas kurdes, dont le mandat expire le 30 avril, pour se concentrer sur la formation des troupes régulières et de sécurité irakiennes et l’aide à la construction des institutions nationales, « un engagement équilibré pour le renforcement des capacités globales de l’Irak », précise le ministère.
 
Le renouvellement des missions au Mali, en Irak et en Afghanistan intervient à l’heure où le ministère de la Défense est la cible de nombreuses critiques quant aux pénuries affectant tant les systèmes d’armes majeurs que le petit matériel. Difficile d’imaginer la Bundeswehr s’engager dans un calendrier opérationnel plus ambitieux sans risquer une crispation supplémentaire au niveau, par exemple, de son MCO. Au risque de peser sur la sécurité des soldats engagés.
 
Cette décision engagerait en effet l’Allemagne dans une spirale dangereuse, regrettait hier le lieutenant-colonel Andre Wüstner, président de l’Association allemande de la Bundeswehr, dans le quotidien Die Welt. « J’appelle tous les parlementaires ayant levé leur main pour de nouveaux mandats malgré le manque de préparation opérationnelle à ne pas refuser de fournir plus de fonds à la Bundeswehr ou d’autoriser l’achat de drones armés », a-t-il ajouté.
 
Comment, dés lors, équiper correctement les 3600 soldats allemands bientôt déployés en OPEX ? Dans une interview accordée à la télévision allemande, la ministre de la Défense allemande, Ursula Von Der Leyen  « lorsque les moyens sont trop restreints, priorité est alors donnée à leur emploi concret, mais sans occulter les problèmes structurels et lacunes que nous vivons chez nous ». « Les plaintes sont fondées », a-t-elle confirmé, avant de rappeler qu’après 25 ans de coupes budgétaires, la Bundeswehr « ne fait qu’entamer un redressement lancé il y a deux ans ». « Nous devons être mieux équipés, et certaines structures doivent être refondées. Encore une fois, c’est un travail de longue haleine, encore une fois, ce n’est possible qu’avec des années d’augmentation budgétaire », explique-t-elle.
 
Reste à convaincre le Bundestag, dont le vote est attendu pour le 1er avril. Nul doute que les questions d’équipements s’inviteront dans les débats, tant parmi l’opposition qu’au sein de la nouvelle coalition.

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