Le sujet peut paraître « bateau » mais les enjeux technologiques, humains, sécuritaires et opérationnels justifient qu’il soit régulièrement traité. On peut le connecter à la publication récente de la Revue stratégique de Cyberdéfense.
La transformation digitale au sein de l’armée de Terre est passée par un « tour de France » dans les unités (Crédit photo : armée de Terre)
Le colonel Olivier, chargé de mission à la division Plans Programmes de l’Etat-major de l’armée de Terre (Photo : armée de Terre)
Pour résumer ses propos, la révolution ne sera pas immédiate ni assortie d’un point final ; une étape majeure est fixée pour 2021. L’évolution des ordinateurs, d’Internet, des téléphones portables puis des smartphones s’est étendue sur vingt ans. Plutôt qu’un gros changement général, le colonel Olivier évoque beaucoup de petits projets qui, bout à bout, changeront la vie.
Même si les premiers acteurs sont d’abord les soldats et les cadres de l’armée de Terre qui a pris l’initiative, celle-ci n’agit pas seule. La démarche de transformation digitale s’observe dans tout le ministère ; l’équipe en charge du projet travaille avec beaucoup d’entités sur des problématiques similaires. Des projets s’ensuivent. Un acteur est civil : la veille de l’innovation du secteur civil est très importante (rappelons qu’elle est mentionnée dans la Revue stratégique de Cyberdéfense) ; ses acquis sont exploités au bénéfice de l’armée qui en induit des expérimentations.
Le Colonel Olivier mentionne deux grands enjeux. Primo, celui de proximité vise à améliorer, à court terme, la vie des soldats de l’armée de Terre au quotidien en fluidifiant leur communication ; il s’agit aussi de mieux organiser la circulation des données de façon verticale entre les niveaux hiérarchiques et de façon horizontale entre les différents commandements. Secundo – le deuxième enjeu, de plus long terme et plus stratégique – vise la supériorité opérationnelle grâce à un meilleur contrôle de données beaucoup plus nombreuses.
Nous évoquions une méthode pour connaître les attentes des soldats quant à la satisfaction de leurs besoins. Dès le lancement du projet en septembre 2016, un tour de France à la rencontre des soldats et du personnel civil a été organisé afin de récolter des idées. Certaines sont revenues régulièrement, ce qui indiquait un réel besoin. Cette récurrence de l’idée est incluse dans les critères du système de validation, dont les trois principaux sont un petit périmètre pour l’expérimentation, un budget réduit et un objectif centré sur l’usage. Petit à petit, des expérimentations voient le jour dans de nombreuses garnisons. Sur les dix-neuf projets éclaireurs sélectionnés pour lancer la transformation digitale, certains sont testés par les soldats dans les unités de l’armée de Terre. Une série d’exemples très intéressants sont présentés sur le site Internet https://www.defense.gouv.fr/terre/thematiques-terre/la-transformation-digitale/3-questions-a
Fin 2016, un comité directeur a sélectionné puis présenté treize projets au chef d’état-major de l’armée de Terre, le général d’armée Jean-Pierre Bosser.
En 2017, d’autres projets ont été ajoutés. Certains sont en phase d’expérimentation. Si les résultats sont engageants, une éventuelle généralisation est élaborée. Comme on peut aisément s’y attendre, le colonel Olivier prévient que celle-ci « ne sera jamais achevée » : il s’agit d’un processus en perpétuel mouvement qui s’inscrit dans un temps long de changement en profondeur des usages.
La transformation digitale de l’armée de Terre ne révolutionnera pas les pratiques qu’au sein des unités : les états-majors aussi sont concernés. Bref, le sujet passionne car, à tous les niveaux, chacun – militaire ou civil de la défense – se sent concerné. A juste titre !