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CNIM en embuscade en Australie

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(Crédit: CNIM)

(Crédit: CNIM)


 
Conforté par un portfolio en expansion et par le succès récemment engrangé auprès du client français, le groupe CNIM affûte désormais son argumentaire pour répondre au renforcement annoncé des capacités amphibies de la défense australienne, apprenait-on cette semaine lors du salon Pacific organisé à Sydney.
 
« Nous sommes dorénavant identifiés comme le fournisseur principal de la Marine française pour tout ce qui concerne l’exploitation d’un radier, » nous explique Frédéric Andrieux, responsable des activités « Navires militaires & Systèmes maritimes ». Une carte de visite de premier plan, sur laquelle CNIM est venu superposer la création d’une gamme complète de solutions amphibies. Depuis le LCAT, CNIM a su développer ses systèmes sur base des standards OTAN afin qu’ils soient nativement adaptés à la majorité des navires amphibies opérés par les marines dites « accessibles ». Les nouveaux designs de LCA et de LCX dévoilés l’an dernier lors du salon Euronaval, par exemple, sont parfaitement adaptés aux LPD de la classe Makassar de la marine indonésienne. « Grâce à l’élargissement de la gamme, nous pouvons maintenant nous adresser à toute marine disposant de navires à radier, » ajoute Andrieux.
 
Le design LCA de CNIM: adopté par la France, bientôt proposé à l'Australie ?

Le design LCA de CNIM: adopté par la France, bientôt proposé à l’Australie ?


 
Loin, très loin de l’Hexagone, l’industriel parisien place donc patiemment ses pions sur un échiquier australien soutenu par une conjoncture favorable aux renouvellements capacitaires. La ministre de la Défense australienne Linda Reynolds a effet choisit le salon Pacific pour annoncer une refonte majeure du Livre blanc publié en 2016. Citant un contexte géostratégique dominé par les tensions entre Washington et Pékin et par le développement rapide des technologies militaires, la Ministre a estimé lors d’une conférence que « bien que l’analyse de ces facteurs par le Livre blanc soit toujours valable, celle-ci a sous-estimé l’accélération du changement ». S’il faudra attendre le début de l’année prochaine pour que de premières pistes de réflexion parviennent à Canberra, la ministre Reynolds a d’ores et déjà pointé quelques axes prioritaires, à commencer par les capacités amphibies de la Force de défense australienne (ADF). « La Marine collabore avec l’ADF, et même avec le gouvernement, pour renforcer ses capacités. C’est particulièrement évident dans le développement de la capacité amphibie de l’ADF, » a-t-elle souligné.
 
Ce changement de posture stratégique est synonyme d’opportunités pour CNIM. Le bilan mitigé enregistré par les douze embarcations de débarquement LCM-1E fournies par l’Espagnol Navantia et déployées au départ des deux LHD australiens de classe Canberra pourrait aboutir à leur remplacement à moyen terme. CNIM est également attendu sur le projet Land 8710 Phase 1 de l’armée australienne, qui vise au remplacement des vénérables barges LCM-8. Dans les deux cas, la plateforme retenue devra être capable de loger dans le radier des LHD australiens, d’atteindre une vitesse supérieure à celle des systèmes actuels et de pouvoir transporter un exemplaire des futurs chars M1A2 Abrams de l’armée australienne. L’année 2020 sera théoriquement dédiée à l’écriture de l’expression de besoin, la phase de préinformation étant attendue pour 2021. Dans l’intervalle, CNIM peut dès à présent compter sur son partenaire local, Owen International, et sur la complémentarité de sa gamme pour construire une offre taillée sur mesure, essentiellement sur base du LCA et du Shore-to-Shore.  Comme pour tout programme d’acquisition, il faudra avant tout faire preuve de patience. Rappelons que l’idée d’un remplacement des chalands de transport maritimes (CTM) français a été émise plus d’une dizaine d’années avant l’arrivée prévue de son successeur, l’engin de débarquement amphibie standard (EDAS).
 
(Crédit: CNIM)

(Crédit: CNIM)


 
Attribué en janvier dernier pour 65M€, le programme EDAS comprend la livraison par CNIM de 14 embarcations de type LCA pour succéder aux chalands de transport de matériel (CTM), ainsi que trois années de soutien après réception par le client. Le choix de la France s’est positionné sur la version longue, soit 29 mètres de longueur pour six mètres de largeur. Une première tranche ferme comprend la livraison de six EDAS destinés à opérer au départ des PHA basés à Toulon. Les deux premiers exemplaires sont assemblés depuis cet été à Saint-Malo par Socarenam et devront être livrés à Toulon un an plus tard, en vue du lancement de la phase d’essais de qualification à l’automne 2020. Il s’agira, entre autres, de répondre à un élément central du cahier des charges: la capacité à emporter les véhicules issus du programme Scorpion de l’armée de Terre. L’évolution du CTM vers l’EDAS devrait par ailleurs apporter son lot de surprises en matière de scénarios opérationnels. « Au fur et à mesure de l’exploitation de l’EDAR, les militaires français découvrent des applications complémentaires à celles initialement fixées par le cahier des charges. Il en sera sans doute de même pour l’EDAS, » précise Andrieux. Les quatre autres barges de cette première phase seront livrés une fois la qualification prononcée, à l’horizon 2021. Les formations à la maintenance et à l’exploitation seront réalisées au sein des bases de Toulon, d’Outre-mer et de Djibouti.
 
Des huit unités concernées par la tranche conditionnelle*, deux rejoindront la flotte existante à Toulon et les six suivantes seront destinées à l’Outre-mer. Le plan de livraison dépendra des priorités établies par le ministère des Armées. « Il pourrait y avoir une tranche affermie de huit bateaux, comme nous sommes susceptibles d’être notifiés de plusieurs tranches successives d’un ou plusieurs bateaux. Le ministère des Armées peut parfaitement décider de commander un EDAS pour Djibouti, puis attendre deux ans avant d’en acquérir deux pour la Guyane, » note Andrieux. L’idéal serait à priori que la DGA signe pour la totalité du lot conditionnel dès la qualification des deux premiers. Ce schéma serait le plus économique pour tous les acteurs du marché, « car les équipes seront formées et opérationnelles. Nous pourrions assurer la totalité du programme en l’espace de trois ans, » assure CNIM. Reste, pour l’instant, une dernière inconnue: les noms de baptême, l’EDAS constituant la première classe de batellerie embarquée destinée à recevoir une dénomination officielle en plus de son numéro de coque.
 
* Toulon (2), Mayotte (2), Mayotte (1), Nouméa (1), Fort-de-
France (1), Djibouti (1), Kourou (1)

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