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An 1 de la DGNUM: bilan et perspectives par le VAE Coustillière

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Photos VAE Coustillière - UED

Le VAE Arnaud Coustillière, directeur de la DGNUM (Crédit: ministère des Armées)


Chef d’orchestre de la transformation numérique du ministère des Armées, la Direction générale du numérique et des systèmes d’information et de communication (DGNUM) vient de fêter sa première année d’existence. Des défis du Big Data à une future Académie du numérique en passant par la bataille pour le recrutement, bilan et perspectives en compagnie de son directeur, le Vice-amiral d’escadre Arnaud Coustillière.
 
FOB: La DGNUM souffle sa première bougie, quel serait votre premier bilan à l’issue d’une année passée à la tête de cette nouvelle structure ?
 
VAE Coustillière: Le numérique fait partie des grandes priorités de Florence Parly, ministre des Armées. La DGNUM existe formellement depuis un an mais ses prémices remontent à septembre 2017 avec ma nomination. Cette trajectoire s’inscrit dans un mouvement plus large qui touche l’action publique dans son ensemble à travers le programme Action Publique 2022, ainsi que le monde privé.
 
La DGNUM est une vraie direction des systèmes d’information (DSI) avec une responsabilité transverse sur l’ensemble de l’informatique du ministère des Armées. A ce titre je suis responsable devant la ministre de la cohérence globale du dispositif et de sa performance. Je dispose pour ce faire des leviers et référentiels que sont le cadre de cohérence technique, le visa conforme ou encore le plan d’investissement pour les années à venir.
 
Le deuxième grand métier de la DGNUM est d’orchestrer la transformation numérique du ministère. A ce titre, je dois donner le ton, provoquer les changements pour que le ministère réponde présent aux futurs défis comme l’intelligence artificielle. Mais sans jamais me substituer aux métiers qui portent les missions et connaissent les besoins des opérations et des utilisateurs finaux.
 
Notre première année de travail s’est structurée autour de quatre feuilles de route : la gouvernance, les technologies et les ressources humaines, les données.
 
Cette dernière feuille de route est particulièrement importante dans la transformation numérique. La donnée est le carburant du numérique, sa bonne maitrise est indispensable au processus de transformation numérique. J’ai à ce titre été désigné administrateur ministériel des données (AMD), responsable de la valorisation du patrimoine informationnel du ministère, autrement dit, promouvoir et maximiser les usages et innovations pouvant naître de l’exploitation des données. Soyons honnêtes, le niveau de maturité du ministère sur cette question est variable et globalement assez faible. Mon rôle va donc se structurer autour de trois capacités fortes, indispensables pour une exploitation optimale d’outils de type Big Data et IA : une gouvernance ministérielle volontariste, fondée sur une culture de confiance et de partage maîtrisé ; la capacité à attirer les compétences et à acculturer les agents pour faire de la donnée un outil du quotidien ; la capacité à stocker, valoriser et mettre à disposition des données de qualité au profit du Big Data et de l’IA via des technologies comme le cloud, avec le concours de partenaires respectueux et soucieux de notre autonomie stratégique et des enjeux de souveraineté.
 
Nous avons donc une approche par le haut (DGNUM, AMD) couplée à approche par le bas capitalisant sur ce qui existe déjà et sur lequel on va bâtir la future organisation. Et le data lake est pour moi le point de rencontre de ces deux démarches. A ce titre, la plateforme d’ouverture, de centralisation, d’exposition et d’analyse des données (POCEAD) a permis de tester 12 cas d’usages dont celui portant sur le MCO aéronautique est actuellement le plus avancé.
 
FOB: Quelles sont les pistes technologiques aujourd’hui à l’étude qui permettront de conserver l’ascendant face aux adversaires potentiels ?
 
VAE Coustillière: Les pistes technologiques étudiées par le ministère des Armées sont nombreuses. Je n’en citerai que deux : le Cloud et l’intelligence artificielle (IA).
 
Sur le Cloud d’abord, nous envisageons la migration de tout ou partie des systèmes d’informations sur ce type d’architecture à moyen terme. Cette évolution sera la seule à même de garantir le passage à l’échelle des capacités de stockage et de traitement massif des données de type Big Data et IA. Le ministère examine la possibilité de concilier un « cloud privé » physiquement localisé dans ses emprises, et un « cloud dédié » situé chez des partenaires respectueux et soucieux de notre autonomie stratégique et des enjeux de souveraineté. La première option permettra l’hébergement des systèmes essentiels aux opérations. La seconde aura pour vocation d’héberger la majorité des systèmes du ministère et de servir de zone d’échange, étant précisé que le volet cyber ne sera pas délégué. Ce « cloud dédié » offrira au ministère des services à l’état de l’art en matière d’hébergement.
 
Concernant l’IA, la DGA a lancé plusieurs projets de recherche et technologie significatifs en 2018, avec notamment ARTEMIS, infostructure sécurisée adaptée aux spécificités de la défense et destinée au traitement massif de données. Face à ces expérimentations présageant des usages futurs, la montée vers le cloud permettra à l’architecture informatique de s’adapter pour offrir des capacités de stockage, de traitement et d’exploitation. Il est en effet actuellement courant que les données ne soient pas conservées faute de capacités de stockages présentes ou suffisantes. Cela entraîne une évaporation préjudiciable d’un patrimoine informationnel qui est indispensable à l’entraînement des algorithmes IA. Pour ne plus « gaspiller » ces données, il faut les recueillir, les stocker et les traiter. L’architecture en devenir répondra à ces attentes de manière sécurisée, tant au profit des entités du ministère que dans une logique de partage avec des partenaires industriels de défense.
 
FOB: Recrutement, IA, Big Data, Cybersécurité…les défis de la transformation numérique sont immenses, quelles sont vos priorités pour l’année à venir ?
 
VAE Coustillière: Nous allons lancer la saison 2 de notre transformation numérique. De nos trois priorités, je viens de mentionner le cloud. S’ajouteront les ressources humaines ainsi que le mouvement plus vaste de sécurisation et de réforme des modes de projets SIC. Nous devons accompagner les métiers dans la gestion et la migration de leur legacy vers le cloud, repenser les structures en charge de la conduite et du développement des projets SIC, faire émerger des structures expertes. Les premières pierres de l’édifice ont été posées avec l’instruction sur les processus agiles et l’instruction ministérielle portant sur la conduite des projets SIC, dite IM SIC. Cette dernière incarne une véritable rupture méthodologique en introduisant de nouveaux paradigmes en matière de conduite et de pilotage des projets à dominante numérique.
 
Les ressources humaines sont un défi structurant. La mise en place d’un nouveau modèle RH numérique est quelque chose sur lequel nous travaillons actuellement et qui décollera dans l’année qui vient. Comme tout le monde, le ministère des Armées est confronté à une pénurie de compétences. Nous travaillons sur la façon de reconquérir ces compétences, de trouver de nouveaux viviers de recrutement, soit par du recrutement initial soit par de la reconversion, du reskilling. Nous avons à ce titre pour ambition de mettre en place en interne une Académie du numérique pour arriver à gagner ce combat des compétences. Cela passera également par une réflexion sur les statuts.
 
Au-delà des statuts militaires, nous allons avoir à l’avenir de plus en plus besoin d’intégrer des civils dans nos équipes et à des postes à responsabilité avec des statuts contractuels. Il y a un gros travail sur la révision des grilles salariales et aussi sur la vitesse de recrutement. Sur ce dernier point, nous avons créé un site « civil de la Défense » (développé en mode agile et actuellement en MVP pour la DIRISI) qui marche bien avec des négociations plus courtes. La réglementation nous permet par ailleurs d’avoir recours à des salaires dérogatoires pour attirer les talents.
 
combattantes@numerique-logo
 
FOB : Justement, parlant de cette feuille de route sur les ressources humaines, comment le réseau Combattantes@Numérique, qui organise une rencontre le mercredi 4 juillet, s’insère-t-il dans cette démarche ?
 
VAE Coustillière: Dans un contexte global de pénurie des talents dans le secteur du numérique, le déficit croissant de femmes est un phénomène aggravant, y compris au sein du ministère des Armées. La Défense a besoin de femmes qui s’engagent pour servir dans le numérique. Combattantes@Numérique a vu le jour en réponse à l’initiative Femmes@Numérique portée par le CIGREF et le Syntec Numérique en juin 2018. Regroupant plus de 150 femmes au sein du ministère, placé sous le haut-patronage de Florence Parly, ce réseau se donne pour mission de sensibiliser d’une part aux enjeux de la mixité dans la construction du monde numérique de demain tout en donnant envie, d’autre part, de rejoindre les filières du numérique au sein du ministère.

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