Le SO Regt belge en Afghanistan en 2019

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La Belgique retirera donc bien la majorité de ses militaires du théâtre irakien, confirmait vendredi dernier Sander Loones, récemment nommé au poste de ministre de la Défense. Les détachements du Génie et du Special Forces Group (SF Gp) actuellement déployés rentreront progressivement au pays afin de pouvoir renforcer la présence belge en Afghanistan à partir de septembre 2019, cela pour une durée d’un an.
 

Deux membres du Bataillon ISTAR, déployé depuis avril 2018 à Mazar-e-Sharif (Crédit photo: Défense belge/Daniel Orban)


 
« Compte tenu du changement de situation, nous retirerons notre détachement de forces spéciales et nos troupes du génie car ils peuvent effectuer ailleurs un travail plus utile et à leur mesure », a précisé Loones dans un communiqué. Il faut sans doute chercher la raison de cette décision du côté des succès engrangés par la Coalition sur l’organisation Etat islamique. Si l’EI reste actif et dangereux, son « califat » est désormais réduit à quelques poches de résistance isolées. En conséquence, « le centre de gravité de l’engagement se déplace de plus en plus de combats ‘cinétiques’ contre ‘l’Etat Islamique’ (…) vers la stabilisation et la reconstruction du pays et de ses institutions », déclarait Loones.
 
A contrario, la situation en Afghanistan s’est considérablement dégradée ces derniers mois. À tel point que les Talibans contrôlent maintenant près de la moitié du pays. De même, les attaques à l’encontre des forces de sécurité afghanes atteignent des niveaux inégalés, occasionnant de 30 à 40 victimes par jour d’après un récent rapport de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR). La Belgique n’est dès lors pas le premier pays européen à envisager un tel renforcement. Le Royaume-Uni, par exemple, a récemment redéployé une partie du 3e bataillon du Régiment de parachutiste, une première depuis 2014.
 
Sans être une réelle surprise, cette annonce vient de facto mettre un coup d’arrêt à la récente montée en puissance de l’implication militaire belge en Irak. En mai dernier, le contingent belge au sol était en effet passé de 43 à 114 personnes, ajoutant notamment une trentaine de soldats du 11e bataillon de Génie de Burcht, chargés d’améliorer les infrastructures de l’aéroport d’Erbil, dans le Kurdistan irakien. Exit le Génie et le SF Gp, actif depuis 2015. La Belgique ne maintiendra in fine qu’une poignée de soldats, limitée à des missions de « Train the trainer » et d’appui au profit de la Coalition.
 
Aujourd’hui limité à environ 90 militaires, le contingent belge en Afghanistan « enflera » pour plafonner à 220 soldats d’ici un an. Outre la dizaine de militaires intégrés au QG de Resolute Support à Kaboul et les 80 soldats dédiés au « Train, Advise, Assist Command – North » de Mâzar-e-Sharîf, ce sont 135 membres du SO Regt qui pourraient prochainement prendre pied en Afghanistan. S’il se matérialise, ce déploiement opérationnel sera le premier dans l’histoire de ce « jeune » régiment, né en juillet dernier de la fusion entre le SF Gp et la Brigade Légère.
 
« La réalisation concrète de cette mission renforcée est encore en plein développement », explique Loones. Autrement dit, tant les objectifs que les règles d’engagement et les contours du contingent doivent maintenant être précisés. La structure du contingent envoyé pourrait être similaire à celle adoptée en Irak. À savoir, une poignée d’opérateurs du SF Gp assistés de membres du Special Forces Support Group (SFSG), composé du 3 Para et du 2 Cdo, et d’autres « éléments de soutien ». Pour l’heure, la Belgique opère « des missions Fact Finding » sur base desquelles des accords concrets seront conclus avec l’Afghanistan et nos partenaires dans la région », a ajouté Loones.